Si certains rêvent d’un matelas doré pour leur retraite, d’autres cherchent simplement une méthode accessible pour s’y préparer. Beaucoup se demandent : placer 30€ chaque mois, est-ce suffisant pour « ne pas se soucier » de ses vieux jours ? L’idée semble séduisante, mais en grattant un peu, la réalité devient plus contrastée.
Le rêve d’un effort minimal, la réalité de chiffres têtus
À première vue, 30€ prélevés sur chaque salaire peuvent paraître anodins. Un petit sacrifice pour un avenir tranquille. Mais lorsqu’on met les chiffres sur papier, cet espoir s’effrite.
Sur la base d’un placement mensuel de 30€, imaginons ce scénario : un salarié commence à épargner à 35 ans jusqu’à ses 65 ans. Avec un rendement moyen de 3% par an – une hypothèse conservatrice en lien avec celle citée par Adria WM – le capital final serait de près de 17 500€.

Un capital accumulé trop faible pour une vraie rente
Concrètement, ce capital permettrait une rente mensuelle d’environ 73€ durant 20 ans, soit de 65 à 85 ans. Une somme dérisoire face au coût de la vie estimé pour les retraités, même avec une pension de base.
Objectif de rente mensuelle | Capital nécessaire | Épargne mensuelle à partir de 35 ans |
---|---|---|
300 € | 100 000 € | 170 € |
500 € | 170 000 € | 290 € |
1 000 € | 300 000 € | 590 € |
Selon les données croisées de Mingzi et Banque Nationale du Canada, on est loin du compte.
Un témoignage qui illustre les attentes et la déception
« J’ai cru pendant des années que mettre 30 euros de côté chaque mois suffirait. C’est ce que m’avait dit mon conseiller bancaire à 40 ans. Une retraite tranquille avec un petit effort régulier. Aujourd’hui, à 62 ans, je réalise que ce ne sera qu’un supplément de 70€ par mois. Pas de quoi vivre mieux, tout juste un confort symbolique. » — Martine, ancienne assistante administrative, Toulouse.
Ce sentiment d’effort mal calibré est partagé par beaucoup. Le manque de simulation personnalisée et une communication trop rassurante peuvent induire des attentes déconnectées de la réalité financière.
Ce que disent les recommandations : viser largement plus
Les experts du site Inter Invest sont clairs : il faudrait épargner au minimum 10% de ses revenus nets pour anticiper une baisse du niveau de vie significative à la retraite. Par exemple, une personne touchant 2 000€ net par mois devrait donc viser 200€ d’épargne mensuelle, soit près de sept fois plus que les 30€ du scénario étudié.
- À 3 % de rendement, une épargne de 200 €/mois entre 35 et 65 ans atteint environ 115 000€.
- Ce capital donnerait environ 480 €/mois pendant 20 ans.
- Avec une déduction fiscale, cette épargne pourrait être financée partiellement par les économies d’impôts.

Les avantages fiscaux du PER : un levier sous-estimé
Le Plan d’Épargne Retraite (PER) individuel autorise des versements déductibles des revenus imposables, comme précisé sur le site Service-public.fr. Cette déduction peut atteindre jusqu’à 10 % des revenus professionnels, dans la limite annuelle de plus de 35 000 € pour 2024.
Un contribuable imposé à 30 % qui verse 360 € annuellement (30€/mois) pourrait récupérer environ 108 € d’impôt, rendant l’effort plus supportable… mais toujours insuffisant face à l’objectif.
Trois leviers pour rendre ce type d’épargne plus efficace
- Augmenter progressivement le montant mensuel selon ses revenus.
- Effectuer des versements exceptionnels dès que possible (héritage, prime).
- Comparer les simulateurs pour ajuster sa stratégie, comme celui disponible sur Boursorama.
Quel est le montant minimum à épargner chaque mois pour une retraite confortable ?
Viser 10 % de ses revenus nets est une base sérieuse selon plusieurs institutions. Cela peut représenter 150 à 300 € mensuels pour une grande partie des actifs. Ce montant permet d’atteindre un capital de 100 000 à 300 000 € selon la durée et le rendement, de quoi compléter utilement les pensions de base.
Comment le simulateur de Plan Épargne Retraite (PER) peut-il m’aider à déterminer mon épargne mensuelle ?
Les simulateurs, comme celui de Boursorama ou de GetCaravel, permettent d’estimer le capital final ou la rente future en fonction de votre effort d’épargne, de votre âge et du rendement espéré. C’est un outil clé pour ajuster sa stratégie à ses capacités financières.
Quels sont les avantages fiscaux du PER par rapport aux autres plans d’épargne retraite ?
Le PER individuel permet une déduction fiscale immédiate, contrairement à certains anciens dispositifs comme le PERP qui limitait cette déduction dans le temps. Cette optimisation peut alléger significativement l’effort net consenti.
Quelle est la différence entre un PER individuel et un PER collectif ?
Le PER individuel est souscrit à titre personnel, tandis que le PER collectif est proposé par l’employeur. Le collectif peut inclure des abondements de l’entreprise, ce qui le rend plus avantageux mais moins maîtrisé individuellement.
Comment le taux de rendement annuel influence-t-il le montant à épargner chaque mois ?
Un taux de 3 % permet une croissance du capital, mais demande un effort plus important comparé à un rendement plus élevé. Inversement, un rendement plus bas (comme 1,5 %) exigera des versements beaucoup plus conséquents pour aboutir à la même rente, rendant les choix d’investissement cruciaux.
Un effort de 30 € par mois a donc le mérite d’instaurer une discipline. Mais croire qu’il suffira, sans ajustement ni stratégie, tient plus du mythe que de la réalité financière. Le choc pourrait être rude pour celles et ceux qui ont cru à cette promesse trop simple.