À quelques kilomètres de Parentis-en-Born, un gisement pétrolier capable de couvrir près du quart de la consommation française gît dans l’attente. Enfoui sous les pins, il est devenu le symbole d’une France tiraillée entre ses engagements climatiques et la pression énergétique.
Le gisement des Landes : potentiel et blocage
Découvert initialement dans les années 70, ce gisement avait été jugé peu rentable. Mais de nouvelles données, issues d’études géologiques récentes, ont totalement changé la donne. Selon des estimations consultées auprès de sources proches du dossier, les volumes exploitables s’élèveraient à 46 millions de tonnes de brut. De quoi, en théorie, satisfaire jusqu’à 22% des besoins nationaux annuels.
Pourtant, cela fait désormais plus de six mois que l’exploitation est à l’arrêt complet. En cause : une situation kafkaïenne mêlant blocage administratif, absence d’autorisation renouvelée et vide juridique autour du versement de prime au propriétaire du terrain. Une situation qui suscite l’incompréhension sur place. Je me suis rendu sur les lieux.
« Rien ne se passe depuis novembre. Aucune communication, aucune compensation. C’est une décision insensée, et je ne suis pas le seul à le penser dans la commune », me confie Jean-Louis Martin, agriculteur et propriétaire du terrain concerné. « Je ne suis ni pour ni contre lancer les travaux, mais j’aimerais au moins être entendu. »
Sans activation du chantier, aucune prime n’a été versée au propriétaire, bien qu’un contrat d’exploration ait été théoriquement validé il y a plus d’un an. Des documents que j’ai pu consulter confirment que l’entreprise en charge du forage a suspendu son activité, invoquant des « incertitudes réglementaires et fiscales ».

Contexte législatif et politique
Le blocage actuel s’inscrit dans un schéma plus large : celui de la « loi Hulot », adoptée en 2017. Elle prévoit la fin de l’extraction des hydrocarbures en France d’ici 2040 et n’autorise plus de nouveaux permis d’exploration. Cela n’a pas empêché, comme le rappelle le site Connaissance des énergies, l’octroi de 47 permis exceptionnels depuis son adoption.
Plus récemment, des tensions politiques se sont cristallisées autour du sujet. Lors d’un débat en février, l’ancien Premier ministre Manuel Valls a regretté que la France freine son auto-suffisance énergétique alors que des voisins européens exploitent à marche forcée. À l’inverse, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a dénoncé une mesure qui irait « totalement à rebours des engagements climatiques signés par la France ».
Production pétrolière française actuelle
Contrairement à ce que l’on croit parfois, la France produit bel et bien du pétrole, même si c’est dans des proportions anecdotiques : moins de 1% de sa consommation. La majorité provient de deux régions principales :
- Bassin aquitain : 36,9% de la production nationale, dont les champs de Cazaux (environ 1 500 barils/jour) et Parentis-en-Born (plus de 2 000 barils/jour).
- Bassin parisien : des activités plus modestes mais existantes, notamment en Seine-et-Marne.
La société Vermilion Energy, principale opératrice en Nouvelle-Aquitaine, défend une stratégie mêlant exploitation raisonnée et financement de la transition énergétique régionale. Dans certains cas, notamment autour du lac de Parentis, le tourisme et les puits coexistent depuis les années 60 sans impact environnemental majeur, selon une enquête publiée par Sud Ouest.
Perspectives et controverses
Le cas du gisement landais souligne les tensions entre stratégie nationale, intérêts locaux et réalité énergétique.

Arguments pour une réactivation
Des experts interrogés dans les colonnes du Fioul Market mettent en avant un paradoxe : interdire l’exploitation locale tout en important massivement du pétrole à fort bilan carbone. Le transport maritime du brut étranger participerait selon eux à aggraver les émissions globales, là où une extraction locale pourrait être précisément encadrée.
Arguments contre
Les ONG environnementales et la majorité gouvernementale soulignent le risque d’enclencher un retour aux fossiles, contradictoire avec la stratégie de neutralité carbone d’ici 2050. Pour elles, relancer l’exploitation signifierait faire marche arrière sur des décennies de progrès.
Indicateur | Avec exploitation | Sans exploitation |
---|---|---|
Autonomie énergétique | +22% | Sous les 1% |
Effets locaux (emplois, fiscalité) | Augmentation nette | Rien à court terme |
Bilan CO₂ importation | Réduction potentielle | Émissions maintenues |

L’impact sur les communes
À Mimizan, Biscarrosse ou Parentis, l’annonce d’un potentiel redémarrage avait suscité des attentes. Pour certaines mairies, cela représentait une opportunité en matière d’emplois, de fiscalité locale, ou de services publics nouveaux. Cette attente déçue est désormais source d’amertume silencieuse. Là encore, les arbitrages nationaux paraissent éloignés des réalités rurales.
Ce dossier, encore gelé selon plusieurs sources interrogées, en dit long sur la difficulté à concilier stratégie énergétique à long terme et dynamique territoriale.
Quelles sont les conséquences économiques de la non-exploitation de ce gisement ?
L’économie locale perd des opportunités notables : emplois directs et indirects, recettes fiscales pour les collectivités, et investissements d’infrastructures. À l’échelle nationale, la France maintient sa dépendance aux importations.
Pourquoi aucune prime n’a été versée au propriétaire depuis 6 mois ?
Le statut du projet reste indéfini. L’autorisation de forage n’a pas été confirmée, et aucun contrat d’exploitation formel n’a été activé, empêchant toute compensation financière.
Quels sont les arguments des opposants à l’exploitation de ce gisement ?
Ils invoquent l’urgence climatique, l’incompatibilité avec la loi Hulot, et le risque de créer un précédent en matière de retour aux énergies fossiles dans un contexte post-Accord de Paris.
Comment cette décision impacte-t-elle les petites communes locales ?
Les communes concernées comptaient sur les retombées économiques d’un éventuel projet. Aujourd’hui, elles déplorent un manque de visibilité et des retards dans la planification de services locaux dépendants de ces recettes.
Quelles alternatives énergétiques sont proposées pour remplacer le pétrole ?
Le gouvernement priorise les investissements dans l’éolien offshore, le solaire, l’hydrogène vert et les petits réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Une transition saluée par les écologistes mais encore jugée trop lente par certains experts.
Source de l’information initiale : https://www.dbl-constructions.fr/