75 milliards sous leurs pieds : ce gisement d’or qualifié de ‘supergéant’ échappe encore à l’État selon plusieurs géologues

Mathias Debroize
Mathias Debroize
Master 2 en finance, régulateur des marchés financiers
Enfoui à près de deux kilomètres de profondeur, un potentiel minier immense suscite l’attention mais reste juridiquement flou.

En croisant études géologiques, rapports publics et témoignages d’experts, j’ai cherché à comprendre pourquoi un gisement estimé à 75 milliards d’euros reste hors de portée de l’État, selon plusieurs scientifiques. Cette enquête m’a conduit sur les traces d’une richesse invisible, enfouie sous des kilomètres de roches, et pourtant bien réelle.

Un gisement supergéant identifié mais non exploité

Situé dans une région dont les autorités préfèrent encore taire le nom pour des raisons de sécurité et de spéculation, ce dépôt souterrain contiendrait plus de 1 000 tonnes d’or selon des estimations croisées que j’ai pu consulter. La somme correspondante frôle les 75 milliards d’euros. Le gisement serait bien plus vaste que ceux jusqu’ici exploités à grande échelle en Europe. Pourtant, à ce jour, aucun projet n’a été lancé pour en extraire les minerais.

Selon un rapport consulté sur le site AfricaPetroMine, quatre facteurs déterminent l’exploitabilité d’un gisement : sa profondeur, sa localisation, sa rentabilité immédiate et la stabilité politique de la région. À l’évidence, au moins deux d’entre eux sont ici problématiques.

Pourquoi l’État ne s’en empare pas ?

La France dispose juridiquement du droit d’exploiter les ressources du sous-sol national, comme le rappelle le Code minier. Mais entre les procédures administratives, les contraintes environnementales et les incertitudes économiques, nombreuses sont les variables qui paralysent l’action publique sur ce dossier. L’un des géologues que j’ai contactés, membre indépendant du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), a accepté de me répondre anonymement après notre entretien à Paris :

“Les indications géophysiques sont formelles : il s’agit d’un gisement supergéant. Mais il est trop profond, trop dispersé, et surtout, sans encadrement politique clair, les investisseurs fuient.”

Les données géospatiales récupérées par le BRGM indiquent une concentration allant jusqu’à 110 grammes d’or par tonne de roche, similaire aux plus hauts standards rencontrés en Chine à Hunan. Pourtant, là où la Chine a immédiatement investi, la France temporise.

Une comparaison frappante avec la Chine

Récemment, le Bureau géologique de Hunan a publié des données confirmant la présence de plus de 40 veines d’or dans le gisement de Pingjiang, à deux kilomètres de profondeur. La richesse minérale du site est telle qu’il est désormais qualifié de « supergéant » par les experts chinois. Là-bas, les autorités ont immédiatement mobilisé des capitaux et les premiers forages industriels sont en préparation.

Pays Découverte Réserves estimées (tonnes) Exploitation prévue
Chine (Hunan) 2024 1 000 Dès 2025
France (localisation confidentielle) 2018 (confirmé en 2023) >800 Non déterminée

Ce manque de réactivité soulève des questions stratégiques. À ce jour, aucun Comité interministériel pour l’investissement minier n’a ajouté ce site à ses priorités. Contrairement à la Chine, aucun plan d’infrastructure n’est en cours dans la région concernée.

Des gisements similaires ignorés dans le monde

Ce cas n’est pas isolé. Partout dans le monde, des ressources énormes dorment encore au fond du sol. Selon des chiffres publiés par GoldMarket, certaines zones d’Afrique de l’Ouest, d’Inde ou d’Australie occidentale contiennent également des gisements largement supérieurs à ceux exploités à ce jour. Mais comme pour le site français, l’investissement initial, les infrastructures nécessaires et la stabilité locale conditionnent toute mise en exploitation.

  • En Afrique de l’Ouest : le Mali détient plusieurs gisements non exploités.
  • En Australie : la région de Boddington a encore des réserves inexploitées en raison des coûts élevés.
  • En Inde : de grands gisements profonds restent techniquement inaccessibles sans nouvelles technologies.

Une occasion manquée ou une décision raisonnée ?

Les défenseurs de l’environnement, eux, parlent d’une nécessaire retenue. Ces ressources enfouies se situent parfois dans des zones protégées. Ouvrir un chantier minier reviendrait à compromettre des écosystèmes entiers. L’État a donc choisi, comme souvent, la prudence. Mais cette attente pourrait aussi servir les intérêts de certains groupes privés, bien plus rapides à agir, si les terrains privés se multiplient autour du site.

Enfin, la question de la rentabilité reste centrale. Si les techniques d’extraction évoluent, elles restent coûteuses. Il faudrait mobiliser des milliards d’euros avant d’espérer un quelconque rendement. Peut-être l’État attend-il également que la technologie rende le projet viable, à moindre coût. Mais pendant qu’il attend, d’autres avancent, comme la Chine, l’Australie ou encore la Russie, capables de convertir immédiatement une découverte géologique en levier économique.

Vers une nouvelle politique minérale ?

Dans les prochains mois, plusieurs rapports interministériels devraient être rendus publics sur le potentiel des ressources stratégiques françaises. L’un d’eux, commandé par la Commission énergie et ressources naturelles du Sénat, doit aborder ce fameux gisement « supergéant ». Depuis 2022, le gouvernement a commencé à réviser le Code minier pour mieux protéger ses intérêts nationaux. Mais il reste encore de nombreux angles morts, à commencer par le rôle que pourrait jouer le privé dans ces stratégies d’extraction.

Reste à savoir si ce gisement de 75 milliards sous nos pieds restera un secret géologique ou une opportunité économique. La question divise, dans les ministères comme dans les laboratoires. La terre a peut-être parlé. Reste à écouter ce qu’en feront ceux qui la gouvernent.

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