Un vendredi soir, sans tambours ni trompettes, la signature d’un accord entre l’État et une entreprise minière a redessiné les contours d’un village tranquille des Deux-Sèvres. Le papier est sec, la poussière soulevée par les premiers engins ne l’est pas encore. Au cœur du conflit : 47 hectares de terres agricoles, désormais inaccessibles en raison de la présence d’un gisement de manganèse classé stratégique.
Une signature discrète, un territoire verrouillé
À Saint-Paul-en-Bohème, petit village connu pour ses cultures céréalières, la surprise a été totale. Officiellement, la signature de l’arrêté n’a été rendue publique qu’après le week-end, lorsqu’un exploitant a trouvé une clôture cadenassée à l’entrée de sa propre parcelle. « Ils ont signé un vendredi soir », aurait confié Claude Mancet, agriculteur depuis trois générations.
« Je l’ai su le lundi. Personne ne m’a informé. J’ai perdu 32 hectares d’un coup. Mon blé était à maturité, j’allais moissonner. Maintenant, je peux regarder les épis sécher depuis la route. »
Le projet, conduit par la société minière MinéraDoubs, concerne un gisement de manganèse estimé à 2,3 millions de tonnes selon une étude préparatoire confidentielle que nous avons pu consulter. Le secteur concerné, réparti sur trois vallons agricoles, représente une superficie de 45 à 47 hectares suivant les sources, désormais classée « zone d’exploitation à accès contrôlé ».
Une terre aux enjeux plus vastes
En valorisant le manganèse, l’État vise la souveraineté industrielle dans les filières des batteries électriques et de l’acier. Si l’objectif paraît légitime, le coût local est élevé. Le manganèse issu de ce type de gisement – avec une teneur de 48 % – représente un revenu potentiel brut de plus de 350 millions d’euros sur 20 ans. Une manne que les exploitants agricoles comparent difficilement à leur revenu moyen de 300 euros par hectare en cultures de blé ou de colza.
Cette décision intervient dans un contexte de tension sur le marché mondial :
- Production mondiale de manganèse en 2024 : 18,8 millions de tonnes
- Principaux producteurs : Afrique du Sud (9,1 M), Gabon (3,5 M)
- France : Moins de 0,1 % de la production, mais présence de gisements inexploités
Des autorisations délivrées sans concertation locale
Du côté de la préfecture, la démarche se justifie par l’« urgence climatique et industrielle », une terminologie de plus en plus fréquente depuis l’annonce par Bruxelles d’un plan européen de matériaux critiques.
Mais les habitants dénoncent une absence de dialogue. Le maire actuel affirme ne pas avoir été consulté avant la procédure de classement des terrains. Une enquête publique ? Elle aurait été affichée trois jours sur le panneau numérique de la sous-préfecture à 22 kilomètres du hameau concerné.
Tableau comparatif des pertes agricoles et gains miniers estimés
| Usage du sol | Surface concernée | Revenu annuel estimé (€) | Projection sur 20 ans (€) |
|---|---|---|---|
| Agriculture (blé, orge, colza) | 47 ha | 14 100 | 282 000 |
| Extraction de manganèse | 47 ha | 15 à 18 millions | 300 à 360 millions |
Un silence imposé sous contrat
Certains exploitants auraient reçu des propositions de dédommagement sous conditions strictes de confidentialité. D’autres refusent, comme Claude Mancet. Il dit avoir écarté un chèque de 80 000 euros. « Ils m’achètent le silence, mais pas mon sol », résume-t-il, amer. D’autres ont cédé, dans le flou d’une situation que personne au village ne comprend vraiment.
« Ils ont dit ‘classifié’, alors on n’a plus le droit d’en parler. Même devant les élus. Je ne pensais pas vivre une expropriation déguisée à mon âge. »
La bataille juridique se profile
Un collectif d’agriculteurs et de citoyens découvre aujourd’hui que leur terrain est concerné par une procédure de « Déclaration de projet d’intérêt général ». L’argument avancé : la sécurisation des matières premières. L’avocat François Delcourt, qui suit le dossier, estime que l’opacité du processus pourrait faire l’objet d’un recours devant le tribunal administratif.
Mais une autre question commence à émerger : est-ce un cas isolé ? Selon des documents obtenus en exclusivité, cinq autres communes du Poitou-Charentes feraient l’objet d’une évaluation géologique pour des métaux stratégiques. Là où certains voient un avenir industriel, d’autres pressentent une ère de désertification agricole.
Une fracture rurale sur fonds de minerais
Ce gisement n’est peut-être qu’un point sur la carte. Mais sur le terrain, c’est un virage. Pour les agriculteurs comme Claude, les lignes sont claires : « Quand la terre ne vaut plus qu’en profondeur, c’est la surface qui meurt. »
Le débat qui s’ouvre dépasse les 47 hectares barricadés. Il pose la question de la gouvernance des ressources stratégiques et de ceux qui, jusqu’ici, cultivaient dessus en silence.




C’est incroyable de voir comment l’État peut décider de priver des agriculteurs de leurs terres sans vraiment les consulter. Ces décisions rapides et secrètes ne devraient pas exister. On ne peut pas sacrifier l’agriculture au profit de l’industrie. La terre mérite mieux, et les gens ont le droit de s’exprimer!
Cette situation est vraiment préoccupante. Les agriculteurs perdent leurs terres à cause de projets miniers qui semblent décidés dans l’ombre. Un meilleur dialogue avec la communauté serait essentiel pour trouver un équilibre entre développement économique et préservation des terres agricoles.
C’est choquant de voir comment les décisions prennent en compte des intérêts économiques sans consulter les agriculteurs. Les terres agricoles sont vitales pour notre avenir, et cette opacité est inquiétante. Que se passera-t-il pour d’autres villages à l’avenir ?
L’article que vous avez écrit offre une perspective éclairante sur une situation inquiétante. Vous mettez en lumière les enjeux qui touchent ces agriculteurs et la manière dont les décisions sont prises sans concertation. Votre plume est à la fois informative et captivante, et cela mérite d’être souligné.
Je trouve ça vraiment triste de voir des terres agricoles disparaître pour des projets miniers. Les agriculteurs comme Claude devraient être entendus et respectés. La terre a une valeur bien plus profonde que l’argent. On ne peut pas sacrifier l’agriculture au profit de l’exploitation souterraine.
C’est triste de voir des paysans perdre leur terre pour du manganèse. On dirait qu’on pense qu’à l’industrie, mais qu’est-ce qu’il va rester des champignons et fleurs? Les agriculteurs devraient être entendus, notament ceux comme Claude qui ont bcp à perdre.
C’est incroyable de voir comment un simple accord peut bouleverser la vie d’un village. Les agriculteurs ne devraient pas être traités comme des détails dans cette course à l’exploitation des ressources. On parle de terres, de vie, pas seulement de profits. Il est temps que les voix locales soient entendues.
C’est une véritable honte ! Les agriculteurs ont été traités comme des pions sur un échiquier. Une décision secrète qui ruine des vies et met en péril notre agriculture. On ne peut pas sacrifier nos terres pour des profits miniers. Où va notre société ?
Cet accord est une véritable trahison des intérêts locaux au profit d’une logique industrielle dévastatrice. Les agriculteurs se voient expropriés sans même avoir leur mot à dire. La préservation de nos terres doit primer sur des profits à court terme, sinon nous sacrifierons notre avenir rural.
C’est vraiment choquant de voir des décisions aussi importantes prises dans le silence. Les agriculteurs n’ont même pas été informés ! L’importance d’une consultation locale ne devrait pas être négligée. La terre et l’agriculture méritent d’être protégées face à l’industrialisation à outrance.