Depuis plusieurs mois, un sentiment d’effervescence anime la Haute-Corse. À Corte, dans les cafés, on évoque discrètement une découverte minière « historique ». En cause : un potentiel gisement de cuivre et d’argent qui aurait été repéré sur les terrains rocheux à proximité d’anciens sites d’extraction, entre La Finosa et la vallée du Tavignano. Le chiffre de 18 milliards d’euros circule. Il a suffi à déclencher une série de mouvements sur le marché local de l’immobilier.
Des promesses enfouies sous la roche
Tout part d’une campagne d’exploration géologique discrètement relancée à la fin de 2024 par un consortium franco-canadien. Plusieurs forages ont été réalisés dans une zone proche de l’ancienne mine de La Finosa, inactive depuis les années 1950. Les premiers résultats évoquent la présence de minéraux sulfurés riches en métaux : galène, chalcopyrite, pyrite, mais aussi des traces plus significatives de cuivre et d’argent que prévu.
Si rien, pour l’instant, ne permet de valider l’estimation faramineuse de 18 milliards d’euros, ces données ont suffi à réveiller les spéculations. En décembre 2025, un rapport confidentiel relayé partiellement dans la presse parlait d’un gisement « potentiellement stratégique » dans le contexte de transition énergétique européenne.
« Des géomètres sont venus chez moi pour me poser des questions. Ils m’ont parlé d’un “projet de valorisation minière” et m’ont proposé d’estimer mon terrain. C’était la première fois qu’on s’intéressait autant à ma parcelle », raconte Jérôme Bartoli, propriétaire d’un terrain de 3 hectares sur les hauteurs de Tralonca.
Le marché immobilier en pleine surchauffe
En parallèle, les prix des terrains et des logements autour de Corte ont connu une inflation inhabituelle sur les six derniers mois. L’annonce officieuse du potentiel gisement a poussé certains investisseurs à s’implanter en amont. Il ne s’agit pas de multinationales minières, mais souvent d’acheteurs comptant sur une plus-value future liée soit à l’installation d’infrastructures, soit à l’attractivité grandissante de la zone.
| Type de bien | Prix moyen au m² (janvier-septembre 2025) | Évolution par rapport à 2024 |
|---|---|---|
| Appartement à Corte | 3 120 € | +12 % |
| Terrain non viabilisé (2000 m² coups de cœur rural) | 97 €/m² | +34 % |
| Maison proche de Poggio-di-Venaco | 3 450 € | +18 % |
Cette tendance inquiète une partie de la population. La région, déjà soumise à la pression du marché des résidences secondaires, voit ses prix s’élever au point d’exclure les jeunes ménages corses du marché local. Les autorités, elles, se montrent prudentes.
La terre attise les appétits
Au-delà du gisement lui-même, c’est la gestion du foncier qui est en train de basculer. Certains maires ruraux de Haute-Corse rapportent une multiplication des achats de terrains agricoles ou boisés « sans vocation claire ».
Pour Claire Mazzoni, urbaniste à Bastia, cette situation révèle une double fracture : « D’un côté, on a des ventes motivées par la rumeur et des promesses de richesse souterraine. De l’autre, une population locale de plus en plus marginalisée, incapable de rivaliser avec des acheteurs extérieurs qui misent sur un horizon incertain. »
Le précédent de La Finosa
Pour comprendre les limites de l’opportunité minière, il faut rappeler l’histoire de La Finosa. Ce gisement, exploité de manière intermittente jusqu’aux années 1950, présentait des concentrations intéressantes, sans atteindre les seuils rentables au niveau industriel moderne. Voici ses caractéristiques principales :
- 2,8 % de plomb
- 2 % de zinc
- 50 g d’argent par tonne de roche
- 200 m de long pour 50 m de puissance
Des experts du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), que j’ai pu contacter, précisent que même en supposant des améliorations technologiques et un cours élevé des métaux, les données connues à ce jour « ne justifient pas encore » l’estimation médiatique de 18 milliards d’euros – une somme qui suppose des réserves massives et exploitables à bas coût.
Spéculation avant tout
Au final, si le lien entre gisement et explosion des prix immobiliers existe bel et bien, il repose davantage sur l’effet d’annonce que sur un projet industriel tangible. À ce jour, aucun permis d’exploitation n’a été délivré, et aucune procédure d’enquête publique n’a été ouverte.
Pour Jérôme Bartoli, l’affaire est claire : « On joue avec nos espoirs. Je comprends qu’un jour peut-être ce métal profitera au pays, mais aujourd’hui, c’est surtout les spéculateurs qui gagnent. Mon voisin a déjà vendu un terrain à un prix trois fois supérieur à celui estimé en 2022. Il parle de partir vivre sur le continent. »
Et maintenant ?
Le gouvernement corse dit surveiller de près l’évolution de la situation. Un groupe de travail a été constitué par l’Agence d’aménagement durable de Corse afin de dresser une cartographie des transactions anormales autour de Corte. L’objectif : éviter qu’un battement d’ailes minier ne produise un ouragan social et foncier de grande ampleur.
L’avenir dira si ce gisement entre véritablement dans l’histoire industrielle de la Corse ou s’il restera comme tant d’autres, à l’état de rêve enfoui dans la roche. Pour l’heure, la spéculation, elle, est bien réelle.
Cet article soulève des points intéressants, mais je reste sceptique. La spéculation sur les terrains me semble dangereuse. On parle de millions, mais la réalité pourrait être bien différente. La Corse a besoin de précautions, pas d’une ruée vers l’or qui pourrait marginaliser encore plus les locaux.
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C’est fou comme tout le monde s’emballe pour un gisement dont on sait si peu. Les prix flambent, mais est-ce que ça va vraiment aider les Corses ? J’espère qu’ils ne vont pas se faire avoir par les spéculateurs. La terre devrait d’abord profiter aux locaux.
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C’est incroyable ! 18 milliards d’euros pour un gisement qui pourrait n’être qu’une illusion. Les spéculateurs s’en donnent à cœur joie, pendant que les corses sont laissés pour compte. Et si cette histoire n’était qu’un mirage, cela pourrait coûter très cher à la population locale !
La spéculation autour de ce gisement révèle à quel point les intérêts économiques peuvent éclipser les besoins de la population locale. Les autorités doivent agir vite pour protéger les habitants face à cette frénésie. Sinon, on risque de voir une nouvelle fracture sociale se creuser en Haute-Corse.
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C’est bien beau de parler de minerais et de spéculation, mais qu’est-ce que ça apporte vraiment aux Corses d’aujourd’hui ? Les jeunes ne peuvent même plus se loger. J’ai l’impression qu’on joue avec nos espoirs et nos terres. Le rêve de richesse souterraine s’avère trop souvent illusoire.
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Je trouve que tout ce battage autour du gisement, c’est surtout une bulle spéculative. Les jeunes corses risquent d’être les laissés-pour-compte, encore une fois. On parle d’espoir, mais pour l’instant, c’est surtout les investisseurs qui s’en mettent plein les poches.
C’est fou comme cette histoire de gisement excite les gens ! Mais est-ce que ça va vraiment aider la Corse ou juste les spéculateurs ? Les prix montent en flèche, les jeunes vont avoir du mal à s’en sortir si ça continue comme ça.