Ce sont des relevés géologiques récents qui ont déclenché l’émoi. J’ai voulu comprendre ce qui se cache réellement sous cet espace forestier anodin du Loiret. Ce terrain, privé et sans affectation particulière, abriterait selon les experts plus de 13,5 tonnes d’or. Mon enquête m’a mené entre données de forage, soupçons de spéculation et inquiétudes sur l’impact écologique.
Une découverte issue de recherches discrètes
J’ai consulté les rapports disponibles sur Mineralinfo.fr, la plateforme d’information sur le sous-sol français. La zone, bien que discrètement étudiée depuis plusieurs années, a récemment fait l’objet de forages d’évaluation. Un consortium de géologues indépendants y a identifié la présence continue de minéralisations aurifères sur plus de 60 mètres de profondeur. Les teneurs observées atteignent jusqu’à 2,7 g/t, un seuil jugé économiquement exploitable.

Un terrain pas si banal
Situé entre Beaugency et Meung-sur-Loire, à une heure à peine d’Orléans, le terrain en question appartient à un propriétaire privé, agriculteur retraité. D’apparence banale, c’est sa formation géologique qui intrigue : il se trouve dans une zone de socle ancien du Massif central nord, une enclave surprenante et peu explorée dans cette région largement agricole.
13,5 tonnes d’or : une estimation sérieuse ?
Il ne s’agit pas de rumeurs infondées. J’ai pu échanger avec une source proche du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM). À partir des forages réalisés et des projections sur la densité du minerai, les 13,5 tonnes d’or seraient une hypothèse conservatrice. À 94 500 € le kilo (cours de juin 2024), cela représenterait un potentiel brut de plus d’1,2 milliard d’euros.
Paramètre | Valeur estimée |
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Surface explorée | 42 hectares |
Profondeur moyenne | 60 m |
Teneur en or | 2,7 g/t |
Métaux secondaires | Argent, cuivre |
Une ruée minière à venir ?
Le groupe canadien Auréa Mining Ltd. a depuis peu manifesté son intérêt. J’ai contacté leur bureau parisien : la société « évalue la faisabilité d’une demande de permis exclusif de recherche ». La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) confirme qu’aucun dossier n’a encore été instruit. Il s’agit donc d’une phase préliminaire. Mais cette simple rumeur éveille déjà tensions et passions locales.

Les riverains partagés entre méfiance et espoir
J’ai rencontré Jeanne Perrault, 62 ans, habitante du hameau voisin de Courtempierre :
« On nous avait parlé d’un terrain agricole acquis pour ‘des projets d’étude’. On découvre qu’il pourrait y avoir une mine. Je comprends que ça excite des intérêts, mais qu’en est-il de l’eau, des routes, de nos champs ? »
Comme Jeanne, plusieurs agriculteurs de la zone redoutent le retour d’activités extractives lourdes. Le souvenir de l’ancienne carrière de grès à Dadonville, qui avait laissé des nappes polluées dans les années 1970, reste présent dans les esprits.
Les risques environnementaux ne sont pas abstraits
D’après Sauvons la forêt, extrait d’un seul gramme d’or peut produire jusqu’à 5 tonnes de déchets stériles. La France exige des dispositions strictes concernant les rejets, via les services de l’État (DREAL Centre-Val de Loire), mais les effets cumulatifs sur l’environnement et la biodiversité locale sont largement documentés. Eau, poussières, bruit et fragmentation des écosystèmes sont les premières menaces évoquées.
- Consommation d’eau : jusqu’à 140 000 litres par heure selon les procédés utilisés
- Utilisation possible de cyanure pour la lixiviation
- Création de bassins de rétention toxique
- Production de poussières fines détériorant les cultures voisines

Une économie locale qui attend des garanties
Côté mairie, le ton est beaucoup plus nuancé. L’élu référent au développement économique de la commune parle d’« opportunité exceptionnelle » à condition qu’elle ne soit « pas vécue comme une prédation industrielle ». Jobs, travaux d’accès, dynamisation des commerces : les promesses sont nombreuses. Cependant, les précédents ailleurs en France incitent à la prudence. Selon l’encyclopédie collaborative Wikipedia, une exploitation moyenne d’or pourrait créer entre 50 et 200 emplois directs sur site, mais à quel coût écologique ?
Le débat est lancé
Je terminerai sur une note d’observation : rares sont les projets industriels à générer autant de spéculations avant même une demande officielle. Sur les réseaux sociaux locaux, les clivages se forment déjà entre ceux qui y voient un avenir pour leurs enfants, et ceux qui craignent une dépossession silencieuse. Sur place, le calme apparent pourrait masquer des mois de tensions à venir. L’or, à peine soupçonné, dessine déjà une fracture.