Seul 1% de la population est capable de résoudre cette énigme d’interêt composé

Gary Hubert
Gary Hubert
Analyste financier
Un casse-tête financier circule et défie plus d’un internaute. À première vue simple, il fait vaciller bien des certitudes.

L’exercice en question, que vous retrouverez plus bas dans cet article, interroge notre compréhension réelle de l’intérêt composé. Il serait, selon certains témoignages, insoluble pour 99 % des gens. Qu’en est-il vraiment ?

Comprendre l’enjeu dissimulé derrière un calcul apparemment basique

Une somme de 5 000 euros, un taux annuel d’intérêt de 6 %, un rendement composé mensuellement pendant huit ans. Posé comme cela, l’exercice ressemble à un problème d’initiation à la finance personnelle. Et pourtant, nombreux sont ceux qui, même armés d’une calculette, butent sur le bon raisonnement.

Derrière ce problème, une idée revient : notre perception de la croissance exponentielle est largement biaisée. La majorité tente instinctivement d’appliquer un pourcentage linéaire, oubliant le comportement exponentiel que permet l’intérêt composé mensuel. Comme nous le verrons plus bas, la formule mathématique change tout.

Une mécanique mathématique qui échappe à la plupart

Ce que beaucoup ignorent, c’est la différence concrète qu’implique une capitalisation mensuelle sur un taux annualisé. Les intérêts « fabriquent » de nouveaux intérêts. Mois après mois, le rendement ne repose plus seulement sur les 5 000 euros initiaux mais aussi sur les intérêts déjà générés. Ce glissement du linéaire vers l’exponentiel est aussi fascinant que contre-intuitif.

À ce sujet, j’ai contacté Pauline Girard, professeure de mathématiques appliquées, qui utilise cet exercice dans ses cours de gestion de patrimoine :

« L’expression ‘Seul 1% de la population est capable de résoudre cette énigme d’intérêt composé’ dit beaucoup sur notre éducation financière. Ce n’est pas tant la difficulté mathématique que le modèle mental qu’il faut ajuster. La plupart des élèves ne pensent pas de manière exponentielle. »

Les erreurs fréquentes commises par les candidats

D’après les réponses collectées sur divers forums financiers et éducatifs, certaines confusions reviennent régulièrement :

  • Appliquer 6 % sur 5 000 € chaque année pendant huit ans, sans considérer le composé mensuel
  • Oublier de ramener le taux annuel en taux mensuel (divisé par 12)
  • Mal utiliser la puissance dans la formule ou ne pas comprendre sa signification
  • Ignorer le fait qu’un taux même modeste produit une accélération du gain sur le long terme

Ces erreurs révèlent moins une lacune en calcul qu’un déficit de compréhension du fonctionnement des intérêts composés. Et, plus largement, une méconnaissance du poids du facteur temps dans l’investissement.

Pourquoi ce type d’énigme interpelle autant

Ce genre d’exercice voit le jour régulièrement sur les réseaux. Celui-ci en particulier a pris de l’ampleur car il engage autant les logiques que les émotions : personne n’aime échouer sur un problème considéré « basique ». Et chacun veut tester sa capacité à « faire partie du 1 % ».

Le mécanisme psychologique est net : il instaure un défi intellectuel et une tension sociale. Certains partagent leur réponse, d’autres tentent silencieusement. Quelle que soit l’approche, il y a un attachement fort aux résultats. Des débats surgissent sur la méthode, le taux, ou même la validité de l’énoncé. C’est en cela aussi que l’exercice devient fascinant.

L’exercice, dans sa formulation initiale

Le voici tel qu’il circule depuis plusieurs mois. Prenez le temps d’y réfléchir, de poser les calculs si besoin. Comme évoqué plus tôt, la réponse s’appuie sur la formule de l’intérêt composé.

Consigne
  1. Un investisseur place 5 000 € dans un compte offrant un taux d’intérêt composé de 6 % par an.
  2. Cependant, les intérêts sont composés mensuellement (chaque mois, les intérêts sont ajoutés au capital et deviennent eux-mêmes générateurs d’intérêts le mois suivant), mais le taux de 6 % reste annuel.
  3. Il laisse cet argent fructifier pendant 8 ans sans faire aucun retrait ni ajout.
Quelle sera la valeur finale de son placement au bout des 8 années ?

Un révélateur silencieux de notre rapport à l’argent

Au-delà de l’éclaircissement mathématique, cet exercice fonctionne presque comme un test psychologique. Qui comprend l’effet cumulé ? Qui pense long terme ? Qui, au fond, a déjà réfléchi à la croissance de son épargne ?

Derrière cette question chiffre une condition mentale : celle d’un monde où comprendre un simple pourcentage peut faire la différence entre stagnation et autonomie.

L’énigme, au final, est peut-être moins dans le chiffre que dans l’attention qu’on lui porte.

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