“Répondez juste ou rentrez chez vous” : l’énigme n°1 des entretiens en salle des marchés

Gary Hubert
Gary Hubert
Analyste financier
Dans certaines salles des marchés, il ne suffit pas d’avoir un diplôme pour décrocher un siège : il faut aussi résoudre.

Les entretiens en finance n’ont rien à voir avec ceux d’autres secteurs. Ici, une seule erreur peut vous coûter la porte. L’exercice posé — que vous retrouverez plus bas dans l’article — illustre cette logique aussi brutale que précise.

Quand les maths tranchent plus vite qu’un CV

Dans les salles des marchés les plus compétitives, le processus de recrutement repose autant sur le sang-froid que sur l’intelligence analytique. Les tests de logique, parfois masqués sous des énigmes, font partie des rituels. On ne cherche pas une réponse parfaite : on exige une réaction rapide, claire, justifiable. Il faut convaincre en quelques secondes qu’on vaut plus que le candidat suivant. C’est là qu’intervient cette consigne connue de tous : répondre juste ou quitter la pièce.

L’exercice que j’ai choisi d’exposer plus bas fait partie de ces tests. Il est utilisé en entretien non pas pour piéger, mais pour observer. Sous la pression, comment raisonnez-vous ? Comment traitez-vous les données financières de base ? Comprenez-vous vraiment ce qu’est la volatilité ou vous contentez-vous de répéter une formule ?

Le poids réel d’une erreur

L’entretien dans une banque d’investissement n’est pas le lieu des approximations. Une réponse solide et rigoureusement formulée est souvent la seule chance de faire bonne impression. Et cela commence parfois par une question toute simple — en apparence du moins.

Ce genre de test n’est pas que mathématique. Il interroge les fondations même d’un raisonnement logique. Employé comme filtre de présélection, il a pour but de discerner les analystes scolaires des penseurs rapides. Ceux qui comprennent les mécanismes d’un portefeuille en quelques secondes, plutôt que ceux qui les lisent dans un manuel.

« Je me souviens que le recruteur m’a jeté un regard neutre en posant la question. Puis il a dit : ‘Répondez juste ou rentrez chez vous’. Ce n’était pas une menace. Juste la règle. »
– Anass, ancien candidat chez UBS, aujourd’hui trader pour compte propre

Des chiffres oui, mais aussi des réflexes

L’étrangeté de ces tests repose dans leur simplicité apparente. On donne une volatilité. On connaît la répartition par actif. On annonce l’absence de risque d’un des éléments. Le piège ? La vitesse d’exécution, et l’absence de filets logiques. Il faut répondre. Pas réfléchir éternellement.

Dans le cas de l’exercice que nous évoquons (et que vous pouvez retrouver plus bas dans l’article), l’objectif est aussi mathématique qu’instinctif. La réponse ne nécessite pas six lignes de calcul ni des notions de stochastique avancée. Mais elle réclame un automatisme, presque un réflexe conditionné chez ceux pour qui la gestion du risque est plus qu’une compétence : une habitude.

Pourquoi ces tests perdurent-ils ?

Certains critiquent leur brutalité : poser une question-piège avec zéro droit à l’erreur. Mais les recruteurs les défendent avec une logique implacable. Chaque trader est potentiellement une ligne de risque pour la banque. Mieux vaut identifier les esprits agiles que former longuement ceux qui doutent au moindre chiffre.

Ces confrontations peuvent sembler arbitraires. Pourtant, elles sont calibrées. En général, les recruteurs n’attendent pas des candidats d’être capables de résoudre des modèles complexes en direct, mais de savoir appliquer les fondamentaux basés sur :

  • La compréhension du concept de volatilité
  • La notion de pondération dans un portefeuille
  • Les différences entre actifs risqués et non risqués

Tous les éléments sont livrés, mais le tri final se joue sur la capacité à connecter vite ces points. Comme nous le verrons plus bas, l’énigme soumise contient tous les éléments nécessaires… mais aucun indice sur le raisonnement attendu.

L’exercice complet

Voici donc l’énigme exacte utilisée dans de vrais entretiens en finance :

Consigne
  1. Vous travaillez dans une salle des marchés internationale, et le responsable vous donne une énigme exigeante pour tester vos compétences en logique, mathématiques financières et sang-froid.
  2. Vous avez une seule chance pour répondre correctement. Sinon, c’est la sortie immédiate.
  3. Voici l’énigme : Un trader possède un portefeuille contenant uniquement deux actifs : une action A et une obligation B. La valeur totale du portefeuille est de 1 000 000 €. L’action A a une volatilité de 20% et représente 60% du portefeuille. L’obligation B est sans risque (volatilité nulle). Quelle est la volatilité annuelle du portefeuille ? Donnez votre réponse en pourcentage avec 2 chiffres après la virgule.

Une culture de l’exigence

Les critiques de ce type de sélection existent, et on les comprend. Mais dans un environnement où la moindre erreur peut coûter des millions instantanément, la marge de tolérance est réduite. Pas question de former à tout prix : celui qui entre doit être prêt.

Même ceux qui réussissent admettent la rudesse du parcours. Mais c’est aussi ce qui fait la particularité de ces métiers. Ceux qui y accèdent ont souvent comme premier souvenir cette fameuse phrase, dite sans un sourire par quelqu’un qui a, lui aussi, su répondre juste.

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