Un calcul rapide, à résoudre en moins de 30 secondes. Pas besoin de CV personnalisé, pas d’entretien en cinq rounds : l’accès à un poste bien rémunéré débute ici, par une opération de tête. L’énoncé complet de l’exercice vous attend plus bas dans l’article.
Un test éclair pour un poste stratégique
Le cabinet Stratis Analytics, spécialisé en optimisation financière et gestion des risques, a récemment publié une offre d’emploi pour un poste de consultant sénior, avec une rémunération annuelle brut affichée à 90 000€. L’annonce a circulé discrètement sur leur site, puis a suscité des réactions en cascade sur Reddit et LinkedIn.
Particularité notable : le processus de sélection débute par un test mental. Pas un QCM. Pas un test psychotechnique. Un seul exercice, posé en haut de formulaire : « Combien ce salarié gagne-t-il environ par mois (en net) ? ». C’est la toute première interaction entre le candidat et l’entreprise. Et de cette réponse dépendra la suite.
Ce procédé ne remplace pas l’entretien, mais il sert de premier filtre. D’après mes échanges avec un responsable RH interne, 40% des postulants dans les deux premières semaines ont échoué à répondre de façon cohérente dans les temps. La consigne est d’ailleurs explicite : calcul mental, pas de calculatrice. Les résultats divergent rapidement dès que la pression du temps s’installe.

Pourquoi ce type de test ?
Stratis Analytics cherche à évaluer la capacité de logique appliquée à des chiffres courants. « Une grande partie du travail repose sur des prises de décisions rapides avec des données incomplètes. Ce test n’évalue pas l’exactitude parfaite, mais bien la justesse sous contrainte de temps », explique un recruteur que j’ai pu joindre anonymement.
La méthode tranche avec les approches classiques et ne fait pas l’unanimité. Certains y voient un filtre discriminant mal ciblé, d’autres saluent une approche pragmatique alignée avec les réalités du poste.
Un calcul apparemment simple, mais révélateur
À première vue, l’exercice semble abordable. Un traitement brut de 90 000€ par an, un bonus trimestriel, des impôts à 22%. Le problème se corse lorsqu’il faut intégrer ces éléments en quelques secondes et obtenir un montant mensuel en net. Cela suppose des opérations que peu réussissent à enchaîner spontanément, malgré leur expérience ou leur cursus.
Comme nous le verrons plus bas, l’exercice n’a rien d’insurmontable. Mais c’est la combinaison du stress, des chiffres superposés et du facteur temps qui piège beaucoup de candidats.
Témoignage d’un candidat testeur
« Je me suis retrouvé à revoir mentalement les pourcentages, les mensualisations, je voulais être juste, pas juste rapide. Et j’ai bloqué. Quand on m’a rappelé que le calcul devait être bouclé en 30 secondes, j’ai compris que le test visait autre chose que la précision : la maîtrise dans l’immédiat. »
— Romain Delcourt, consultant en data science
Le but n’est pas de piéger, m’assure-t-on, mais de détecter de la rigueur sous pression. Pour certains profils, cette exigence est perçue comme pertinente. Pour d’autres, elle évoque une forme de darwinisme professionnel déplacé.

Compétence ou réflexe de survie intellectuel ?
En creux, cette sélection éclair interroge la manière dont certaines entreprises envisagent le talent. Doit-on pouvoir effectuer des calculs mentaux comme un étudiant en math sup pour prétendre à des fonctions où Excel règne en maître ? Ou s’agit-il d’un moyen déguisé de trier par habitude cognitive ?
Certains professionnels des ressources humaines y voient une métaphore plus qu’un test. Voici ce que ce type de question permettrait indirectement d’évaluer :
- La capacité à organiser mentalement plusieurs éléments d’un problème
- La gestion du stress lié à un format inhabituel
- L’approche méthodique face à des données chiffrées
- La résistance aux automatismes erronés (ex : diviser par 12 trop prématurément)
Mais alors, est-ce révélateur d’une compétence pour le poste ou d’une adhésion à une certaine culture d’entreprise ? C’est là que les avis divergent fortement.
Un calcul sous surveillance
Le test est conçu avec un bouton d’affichage de réponse différé. Une fois cliqué, un décompte s’affiche — impossible de tricher en relançant la page instantanément. Ce dispositif rudimentaire mais suffisant garantit une première mise en situation.
Voici l’exercice tel que présenté aux candidats :

Un débat, plus qu’un simple test
Une chose est certaine : cette initiative interroge. Une question apparemment anodine, posée dans un contexte inhabituel, agit comme révélateur de méthode et de posture. Pas de quoi remplacer un panel d’entretien. Mais suffisamment pour ouvrir un débat sur la manière dont les entreprises redéfinissent leurs critères initiaux de tri.
Réponse à la question ? Vous l'avez maintenant sous les yeux. La vraie interrogation, elle, pourrait bien être ailleurs. Pas tant combien gagne ce salarié, mais à qui bénéficie vraiment ce type de tri sélectif.