« On filtre les candidats sur cette question » : voici l’ultime problème que pose ce recruteur dans la finance, seulement 3% de réussite

Amélie Louzier
Amélie Louzier
Formatrice dans une école internationale
Certains entretiens cachent des épreuves inattendues, surtout quand la logique pure supplante les diplômes et les lignes de CV.

Dans le secteur de la finance, les recruteurs ne s’arrêtent pas aux parcours classiques. Au-delà des diplômes, ils cherchent des profils capables de penser vite, de raisonner juste, et de tenir sous pression. C’est dans ce contexte qu’un cabinet d’investissement a mis en place un exercice redoutable, celui que nous vous dévoilons plus bas dans cet article. Il ne s’agit pas d’une question technique, ni d’une énigme mathématique complexe au premier abord. Mais seuls 3 % des candidats trouvent la bonne réponse.

Un filtre final plus révélateur qu’un test de QI

La scène se déroule lors de la dernière phase du processus d’entretien. Plusieurs candidats en lice, tous brillants sur le papier, sont confrontés à une question inattendue. Dans un bureau impersonnel, sans feuille ni calculatrice, un simple dilemme est posé. Il ne teste ni les connaissances comptables ni les automatismes analytiques. Il vise un autre terrain : la capacité d’abstraction logique sous stress.

Directeur des ressources humaines dans un hedge fund basé à Londres, Simon R. m’explique pourquoi il privilégie cet exercice apparemment anodin à tous les autres filtres.

« On filtre les candidats sur cette question, parce qu’elle révèle tout. Pas leur niveau d’études, mais leur manière de penser. S’ils doutent, argumentent, ou répondent mécaniquement. C’est une version condensée de leur futur comportement face à l’incertitude financière. »

Ce paradoxe, connu de certains sous le nom du « dilemme des trois portes », a été popularisé par un célèbre jeu télévisé aux États-Unis. Mais dans le cadre d’un entretien d’embauche, l’effet est tout autre : surprendre, désarmer et observer.

Pourquoi cela ne repose pas uniquement sur le bon raisonnement

Posée à froid, sans contexte académique, la question bouscule les certitudes. Le piège ne réside pas dans les mathématiques mais dans l’instinct. Et selon les échanges que j’ai pu avoir avec plusieurs responsables RH dans le milieu bancaire, nombreux sont ceux qui se trompent non pas par ignorance, mais en « suivant leur intuition ».

Comme nous le verrons plus bas, il s’agit d’un problème de probabilités contrefactuelles. Sa résolution nécessite essentiellement une rupture avec l’intuition primaire. Là où certains persistent dans leur choix initial, croyant que changer reviendrait à trahir une décision posée, les bons candidats recalculent. Littéralement.

Une pratique pas si isolée dans les grandes institutions financières

Ce type de test s’inscrit dans une tendance plus large des entretiens d’entreprises comme Jane Street, Goldman Sachs ou Citadel. Dans ces milieux ultra-compétitifs, les entretiens deviennent eux-mêmes des simulations de complexité cognitive. Aux questions traditionnelles s’ajoutent des tests comportementaux, des casse-têtes logiques ou des jeux stratégiques comme :

  • Combien de balles de ping-pong peuvent tenir dans un avion ?
  • Est-il plus rentable de vendre un produit au prix fort à peu de clients, ou à bas prix à beaucoup ?
  • Comment arbitrer une situation avec information incomplète ?

Mais peu d’entre eux ont le taux d’échec aussi élevé que celui que vous allez découvrir dans quelques instants.

3 % de réussite : interprétation ou ignorance ?

J’ai pu accéder aux données internes de ce cabinet : sur 184 candidats l’année dernière, seuls six ont bien répondu. Aucun n’était le mieux classé académiquement. Tous ont eu un parcours atypique ou ont cumulé des disciplines comme les statistiques et la philosophie. Il ne s’agit donc pas d’élitisme académique, mais de profil cognitif particulier.

« La majorité se trompe en toute confiance, ce qui est encore plus révélateur », m’a confié un membre du board. Ce qui est évalué ici, c’est moins la bonne réponse que le raisonnement. Et si le candidat change d’avis en cours d’explication, c’est souvent un bon signe.

Comme annoncé en début d’article, vous trouverez ci-dessous l’énoncé exact du problème. Essayez d’y répondre sans assistance extérieure. Et comparez votre raisonnement à l’explication qui apparaîtra plus tard.

Consigne
  1. Une entreprise financière cherche à recruter un analyste capable de raisonner logiquement sous pression. Voici l’ultime problème posé en entretien, avec seulement 3% de taux de réussite.
  2. Vous êtes face à trois portes. Derrière l’une se trouve une récompense d’un million d’euros. Derrière les deux autres, rien. Vous choisissez une porte. Le recruteur, qui sait où se trouve la récompense, ouvre l’une des deux autres portes ne contenant pas la récompense. Il vous propose ensuite de changer de porte.
  3. Devez-vous changer de porte ? Pourquoi ? Calculez la probabilité de gagner si vous décidez de changer versus si vous gardez votre choix initial.

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