Il rachète une maison pour une bouchée de pain et dévouvre 800 000€ en lingot d’or : sa justification au FISC ne passe pas

Paul Emond
Paul Emond
Journaliste indépendant pour coursdesmetaux.fr
Une vieille bâtisse vendue à prix cassé, un trésor inattendu enfoui sous les tuiles, et une question fiscale épineuse.

Quand Marc D., 52 ans, maçon à la retraite anticipée, achète aux enchères une maison délabrée pour 12 000€ dans le Gers, il n’imagine pas un instant ce qu’il va y trouver. Cachés dans une poutre maçonnée du grenier : huit lingots d’or estampillés Banque de France, pesant chacun un kilo. Un pactole de près de 800 000€ au cours actuel. Mais face au fisc, sa découverte ne passe pas. Et ce n’est pas une question de morale, mais de justification.

Une trouvaille qui devient un casse-tête fiscal

L’histoire aurait pu ressembler à un conte moderne. Sauf qu’en matière de fiscalité française, tout bien précieux doit pouvoir prouver son origine. Et les services des impôts ne font pas exception avec l’or. Marc, lui, pensait que le simple fait de trouver ces lingots dans une maison légalement acquise suffisait à prouver leur possession. Il raconte :

« J’ai tout nettoyé moi-même, j’ai soulevé des tuiles, démonté une cloison. Et là, je tombe sur des lingots enveloppés dans du papier journal de 1973… J’ai déclaré ça au notaire et à ma banque tout de suite. Je ne voulais rien cacher. Mais le fisc me demande des factures d’achat… pour un truc que je n’ai jamais acheté ! »

Le régime fiscal sur l’or en France

Deux régimes s’appliquent à la revente d’or en France, selon le code général des impôts :

  • La taxe forfaitaire sur les métaux précieux : 11,5% (soit 11% + 0,5% CRDS) du prix de vente si vous ne pouvez pas justifier de l’origine de l’or. Cette taxe s’applique d’office au-delà d’un seuil de 5 000€.
  • La taxe sur les plus-values réelles : 36,2% (19% d’impôt + 17,2% de prélèvements sociaux), avec dégressivité dès la 3e année de détention jusqu’à exonération totale après 22 ans, à condition de pouvoir prouver la date et le prix d’achat.

Dans le cas de Marc, aucune preuve d’achat, aucune datation formelle de la détention. La tentative d’appliquer le régime plus favorable a donc été écartée. Les détails sont précisés dans des publications du site économie.gouv.fr ainsi que sur Finance Héros.

Une taxation inévitable malgré la « découverte »

Le fisc a refusé la justification avancée par Marc : celle d’une « simple découverte fortuite lors de travaux ».

Valeur estimée des lingots Taux de taxation Montant de la taxe due
800 000 € 11,5% 92 000 €

Comme l’explique le site Gold.fr, l’impossibilité de justifier l’acquisition empêche d’appliquer le régime des plus-values sur plus de 22 ans. Et comme le rappelle une vidéo explicative fiscale, la découverte d’or ne change rien à l’obligation de déclaration et au régime d’imposition par défaut.

Le poids de la transparence

Marc a néanmoins tenté de prouver sa bonne foi, en déposant une main courante, en sollicitant un expert pour estimer la datation des lingots, et en faisant apparaître cette découverte dans le cadre d’une vente notariale. Mais sans preuve écrite de propriété — facture, certificat, ou clause dans l’acte de vente — il est resté sans moyens de contester la taxation automatique.

Côté administration fiscale, la justification est claire : permettre une exemption dans un tel cas ouvrirait une brèche dans la traçabilité des capitaux. Et derrière cela, les risques liés au blanchiment et à la fraude restent un enjeu prioritaire. Le site Goldmarket.fr détaille les sanctions prévues en cas de non-déclaration :

  • Amende pouvant dépasser 10 000€
  • Majoration d’impôt jusqu’à 80%
  • Et jusqu’à 5 ans de prison pour fraude fiscale organisée

Quel avenir pour les trouvailles fortuites ?

Si le cas de Marc attire l’attention, il n’est pas isolé. La question de la gestion fiscale des biens cachés ou hérités de manière indirecte reste complexe. Certains avocats fiscalistes militent pour la reconnaissance partielle de ces situations sous certaines conditions. Mais aujourd’hui, en l’état du droit, même l’or découvert dans sa propre maison est taxé comme un produit de luxe revendable.

FAQ

Quels sont les pièges fiscaux à éviter lors de l’achat de lingots d’or ?

Ne pas demander de facture est l’erreur la plus fréquente. Sans preuve d’achat, l’application du régime des plus-values devient impossible. Évitez aussi les achats entre particuliers sans passage par un professionnel agréé.

Comment justifier la date et le prix d’acquisition d’un lingot d’or ?

Par une facture nominative, un certificat d’achat ou une attestation notariée. C’est une exigence pour pouvoir bénéficier des abattements progressifs et de l’exonération après 22 ans.

Quelle est la différence entre la taxe forfaitaire et la taxe sur les plus-values pour l’or ?

La taxe forfaitaire de 11,5% s’applique sur le prix de vente total, sans tenir compte des profits. La taxe sur les plus-values (36,2%) s’applique uniquement sur le gain réel, mais nécessite des justificatifs d’acquisition.

Quels documents sont nécessaires pour prouver l’origine d’un lingot d’or ?

Facture d’achat, attestation notariale, certificat d’achat émis par un professionnel, ou mention explicite dans un contrat d’acquisition (vente, succession, etc.).

Quelles sont les sanctions pour non-déclaration de la vente d’un lingot d’or ?

Des pénalités financières importantes, une possible majoration jusqu’à 80% de l’impôt dû, et dans les cas de fraude caractérisée, des poursuites pénales avec risque d’emprisonnement jusqu’à 5 ans.

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