Beaujolais : un gisement de silice verrière promet 600 emplois « les riverains comptent les camions de nuit »

Paul Emond
Paul Emond
Journaliste indépendant pour coursdesmetaux.fr
Au cœur des paysages viticoles du Beaujolais, un projet industriel suscite un rare mélange d’espoirs économiques et de tensions locales. Depuis quelques semaines, une plaine en apparence anonyme attire l’attention des riverains et des investisseurs.

À Ville-sur-Jarnioux, petite commune située au sud du Beaujolais, l’annonce a fait l’effet d’un électrochoc. Un gisement de silice verrière dormant depuis des décennies pourrait donner naissance à une industrie promettant jusqu’à 600 emplois directs. Mais alors que les discussions battent leur plein, les habitants, eux, commencent à compter les camions. La nuit surtout.

Un filon souterrain, une promesse économique

La découverte — ou plutôt la redécouverte — d’un gisement de silice verrière enfoui sous plusieurs dizaines de mètres de conglomérats ferrugineux a relancé les rêves de diversification industrielle dans une région traditionnellement tournée vers la viticulture. Selon une première étude géologique confidentielle que j’ai pu consulter, le gisement offrirait une quartzite d’excellente pureté, propice à la production de verre plat, de fibre optique et même de photovoltaïque.

Selon le groupe minier alsacien Silinor, à l’origine de l’exploration, le projet « BeaujolQuartz » pourrait générer :

  • Une extraction annuelle de 120 000 tonnes de silice
  • Un redémarrage de la verrerie de Tarare, actuellement en sommeil
  • La création de 600 emplois directs d’ici 2027

Les élus locaux, confrontés à la désertification économique et au vieillissement de la population, saluent un éventuel retournement. Le maire de Ville-sur-Jarnioux, Jean-Marie Balland, tempère toutefois l’enthousiasme : « Tant qu’on ne voit pas les plans définitifs ni un garant environnemental, on reste prudents. Mais oui, on a besoin d’emplois ici. »

Un ballet nocturne de camions

Derrière cette embellie statistique, certains riverains flairent déjà des dégradations. Depuis juin, une dizaine de camions benne circulent chaque nuit, entre 23h et 6h, sur les départementales étroites reliant les zones test du futur site aux entrepôts de stockage en périphérie.

« Ça fait trois semaines que je dors avec des bouchons. On les compte : cinq camions entre trois heures et quatre heures du matin la nuit dernière. On ne nous dit rien, mais on comprend vite que les études ont déjà commencé », témoigne Élodie Charnay, habitante du hameau de la Croix-Rousse.

D’après les informations que j’ai pu recouper, ces allées et venues seraient liées à des forages-tests lancés en « phase 0 », sans extraction commerciale officielle. Silinor assure que « tout est conforme aux protocoles réglementaires » et promet prochainement une réunion publique.

La question environnementale en filigrane

Si les retombées économiques paraissent séduisantes, l’impact écologique reste l’angle mort de la communication des porteurs de projet. La plaine visée borde trois zones naturelles classées comme zones humides et abrite une avifaune protégée de milans noirs et huppes fasciées. Surtout, la nappe phréatique du secteur est source d’alimentation pour cinq villages environnants.

Une hydrogéologue indépendante sollicitée par mes soins, Catherine Roux, pointe les incertitudes : « Sans modélisation précise, on ignore l’impact que des forages profonds pourraient avoir sur le niveau de la nappe. Ce type de silice se trouve souvent en couche sous des grès très poreux, qui laissent passer les eaux souterraines. »

Éléments sensibles Potentiel impacté par l’extraction
Nappe phréatique Baisse de 20 à 30 % du niveau annuel selon scénario haut
Réseau routier +35 % de trafic routier nocturne prévu sur D71 et D385
Réserve de biodiversité locale Risques accrus de dérangement de nicheurs

Une fracture territoriale en germe

Comme souvent dans ces projets mixtes, les lignes de fracture se dessinent au fil des réunions informelles. Les jeunes actifs et les commerçants de Tarare ou L’Arbresle espèrent une relance industrielle salvatrice. Les retraités et viticulteurs, plus ancrés sur leurs terres, s’inquiètent des bouleversements que le projet pourrait desencadrer.

« Sur le papier, 600 emplois, c’est un miracle. Mais à quel prix ? On a vu ailleurs ce que donne ce genre d’exploitation : des paysages éventrés, des nappes vides, et dans 20 ans, plus personne », confie Vincent Degueurce, ancien géologue reconverti en paysan bio dans la vallée voisine.

Et maintenant ?

Le préfet du Rhône a mandaté une commission indépendante, qui remettra un rapport d’ici janvier. En attendant, les riverains continuent à compter. Pas les emplois. Les camions.

16 réflexions sur “Beaujolais : un gisement de silice verrière promet 600 emplois « les riverains comptent les camions de nuit »”

  1. Louis Pichard

    C’est bien beau de promettre 600 emplois, mais à quel prix pour notre environnement ? Les camions qui tournent la nuit et le danger pour la nappe phréatique, ça fait peur. On a déjà vu ces histoires de croissance à tout prix, et on sait tous comment ça finit.

  2. Célestin Faure

    Il est crucial de peser les avantages économiques contre les conséquences environnementales. Si ces emplois sont souhaitables, il ne faut pas sacrifier notre terre et notre biodiversité. Les discussions sont nécessaires avant de prendre une décision qui pourrait changer notre région à jamais.

  3. Élodie Charnay

    C’est impressionnant de voir que cette découverte pourrait créer autant d’emplois, mais je m’inquiète pour la faune et l’eau. Est-ce que les bénéfices économiques justifient les risques environnementaux ?

  4. Léandre Renaud

    Cet article de Léandre Renaud soulève des enjeux cruciaux pour notre région. J’apprécie sa façon d’expliquer l’impact que pourrait avoir ce projet sur l’environnement et les habitants. Il est essentiel de peser les bénéfices économiques face aux risques écologiques. Bravo pour cette analyse pertinente!

  5. Théodore Boulanger

    C’est super qu’il y ait une promesse d’emplois, mais on dirait qu’on oublie un peu les problèmes environnementaux. Les camions la nuit, ça doit être infernal pour ceux qui vivent là. On devrait vraiment peser le pour et le contre avant de se lancer.

  6. Léonard Bosc

    C’est fou comme un projet peut faire peur. Les 600 emplois c’est bien, mais à quel frais ? Les camions la nuit, les impactes sur la nature… On ne veut pas d’une région abimée pour quelques jobs. Faudrait vraiment bien réfléchir avant de se lancer là-dedans.

  7. Lysandre Vigneaux

    Ce projet de silice semble prometteur, mais il y a trop de risques pour l’environnement. Les camions qui tournent la nuit, c’est déjà inquiétant. Les emplois sont importants, mais pas au détriment de notre nature et de notre qualité de vie!

  8. Narcisse Vignoble

    Il est hallucinant de croire qu’un projet soit jugé uniquement sur des promesses d’emplois, alors que la nature et l’écosystème risquent d’être ravagés. Les camions et le bruit la nuit, ça ressemble déjà à un cauchemar ! Quel avenir allons-nous laisser à nos enfants ?

  9. Célestin Marabou

    Il est essentiel de peser le pour et le contre de ce projet. Les promesses d’emplois sont alléchantes, mais à quel prix pour notre environnement et notre qualité de vie ? Rester vigilants face aux conséquences à long terme doit être notre priorité.

  10. Thibault Verger

    Ce projet pourrait apporter beaucoup d’emplois, mais il faut vraiment prendre en compte les conséquences sur l’environnement. Les camions la nuit, c’est déjà un signe inquiétant. Espérons que les travaux respectent la nature et les habitants.

  11. Éléonor Vignoble

    C’est bien beau de promettre 600 emplois, mais à quel prix pour notre environnement ? Les camions la nuit, ça commence mal. Les impacts sur la nature et les ressources en eau ne sont pas à prendre à la légère. Pourquoi ne pas réfléchir à des projets moins polluants pour l’avenir ?

  12. Clémente Puyé

    Il est vrai que le projet pourrait apporter des emplois, mais la préoccupation pour l’environnement est primordiale. On ne peut pas sacrifier la nature pour des promesses économiques. Tous ces camions la nuit, ça inquiète vraiment les riverains. Espérons que l’impact soit bien considéré avant toute décision.

  13. Élodie Charnay

    Je suis très inquiète concernant l’impact environnemental de ce projet. Je comprends que le développement économique est important, mais la protection de notre nappe phréatique et de la biodiversité devrait être une priorité. Peut-on vraiment concilier emploi et préservation de notre région ?

  14. Léandre Verdaine

    Cet article est très bien rédigé et met en lumière les enjeux économiques et environnementaux du projet. J’apprécie la profondeur des analyses, notamment sur l’impact écologique. Il est crucial de prendre en compte les avis des riverains et de rester prudent face à ces promesses d’emplois.

  15. Lysiane Morgenthal

    C’est vrai que ces 600 emplois sonnent bien, mais à quel prix pour notre environnement ? Entre le bruit des camions la nuit et le risque sur la nappe phréatique, on pourrait perdre plus qu’on ne gagne. J’espère que le projet prendra en compte nos inquiétudes.

  16. Flavien Trucard

    C’est bien beau tout ça, mais pensez-vous vraiment que les 600 emplois en valent la chandelle ? Avoir des camions nocturnes et risquer la nappe phréatique, c’est pas genial. On dirait qu’on va sacrifier notre belle campagne pour du profit. Faut trouver un équilibre !

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