Charente : un gisement de gypse souterrain étend sa galerie, les fissures apparaissent sur les façades des habitants

Paul Emond
Paul Emond
Journaliste indépendant pour coursdesmetaux.fr
Les habitants d'un quartier de Cherves-Richemont en Charente scrutent désormais leurs murs et façades comme on lit une carte à la recherche d’indices. Depuis quelques mois, des lézardes s’invitent dans leur quotidien.

Certains parlent d’un bruit sourd, comme un craquement sourd venant des profondeurs. D’autres n’ont rien entendu, mais ont vu leurs murs se fendre lentement, méthodiquement. À Cherves-Richemont, commune rurale de la Charente, une inquiétude nouvelle monte des sous-sols : celle que les carrières souterraines de gypse, en plein développement, fragilisent les maisons situées en surface.

Quand les galeries s’étendent, les murs se fendent

Le gisement de gypse de Champblanc, site majeur d’exploitation souterraine en Charente, fait l’objet depuis deux ans d’un plan d’extension de ses galeries. Ces travaux, menés à plus de 80 mètres sous terre, ont pour objectif d’accéder à des couches supplémentaires de gypse dont la qualité dépasse les 89 % de pureté. Les réserves disponibles, estimées à 10 millions de tonnes, suscitent la convoitise de l’industrie du plâtre.

Mais en surface, plusieurs riverains affirment que l’activité souterraine a un impact visible. Dans le quartier du Grand-Font, à un petit kilomètre à vol d’oiseau du gisement, des fissures linéaires et en escalier apparaissent sur une douzaine de maisons. Certaines datent des années 1970, d’autres sont plus récentes. Le terrain argileux, connu pour ses mouvements en période de sécheresse, n’aide pas.

« C’est venu d’un coup cet été. Une fissure est apparue dans l’angle du salon et chaque semaine elle gagnait en taille. Aujourd’hui, on en voit six sur la façade. Mon voisin a même constaté que son garage s’enfonce légèrement », raconte Jean-Louis Favreau, habitant depuis 18 ans rue du Crêt.

Les données géologiques confirment la complexité du sous-sol

Ce secteur repose sur une structure géologique dense et stratifiée. Les études du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) montrent que le bassin gypsifère de Cherves-Richemont est constitué de :

  • 11 niveaux superposés de lentilles de gypse sur une hauteur de 40 mètres
  • Des couches argilo-sableuses sensibles à la rétractation en période sèche
  • Une profondeur d’exploitation atteignant actuellement 90 mètres

Les exploitants affirment de leur côté que les galeries sont stabilisées par des piliers de soutènement et des techniques de remblayage contrôlé. L’entreprise exploitante, interrogée, nie tout lien établi entre l’expansion des travaux miniers et les fissures apparues à la surface.

Des cas similaires dans d’autres communes

Le cas de Cherves-Richemont n’est pas isolé. À Angoulême, à l’est du département, les habitants de la rue Nungesser témoignent de fissures ayant atteint un centimètre de large ces dernières années. Là encore, les sols argileux couplés à des périodes de sécheresse sont montrés du doigt.

Commune Type de sol Année d’apparition des fissures Proximité avec activité souterraine
Cherves-Richemont Argilo-calcaire 2023-2025 Oui (Carrière de gypse Champblanc)
Angoulême (rue Nungesser) Argile plastique 2017-2019 Non direct

Les sécheresses se superposent au risque minier

Les trois années 2016, 2017 et 2018 ont entraîné en Charente des assèchements prononcés dans les sols argileux. Ces phénomènes géotechniques ponctuels peuvent provoquer des déplacements différentiels des fondations, rendant les constructions plus sensibles à tout affaissement ou vibration souterraine.

« Je ne crois pas à une coïncidence. Depuis que les travaux de forage ont repris en 2023, des dégâts sont apparus que je n’avais jamais vus, alors que j’habite là depuis 1980 », confie Jean-Louis Favreau, visiblement inquiet.

Des procédures en cours, mais peu de réponses concrètes

Les services de la préfecture ont diligenté une expertise géotechnique fin 2024. Contactés, ils évoquent des résultats trop « fragiles » pour trancher sur la responsabilité directe des travaux miniers. À ce jour, aucune indemnisation n’a été engagée par les compagnies exploitantes, appuyées sur le fait que les désordres relèveraient du climat plutôt que de leur activité.

Mais les habitants, eux, réclament une analyse indépendante intégrant l’effet cumulatif des sécheresses et des creusements souterrains. Dans ce contexte tendu, des collectifs locaux se forment, prêts à engager un recours contre la préfecture et l’exploitant pour obtenir réparation.

En attendant, les fissures s’élargissent, les témoignages s’accumulent, et sous les pieds, la roche continue d’être extraite, galerie après galerie.

11 réflexions sur “Charente : un gisement de gypse souterrain étend sa galerie, les fissures apparaissent sur les façades des habitants”

  1. Théodore Vignole

    C’est inquiétant pour les habitants. Les fissures qui apparaissent, c’est un signe que quelque chose ne va pas. Les exploitants doivent prendre ces préoccupations au sérieux. Les sécheresses, oui, mais les travaux miniers y contribuent aussi, non ? Une analyse indépendante serait vraiment nécessaire.

  2. Solène Laroche

    Il est inquiétant de voir comment l’exploitation des carrières peut affecter les maisons. Les habitants de Cherves-Richemont ont raison de s’inquiéter pour leur sécurité. Une analyse approfondie est nécessaire pour comprendre l’impact des grands travaux sur la surface.

  3. Jean-Louis Favreau

    C’est inquiétant de voir comment les travaux souterrains peuvent affecter nos maisons. Les fissures rendent la situation stressante pour beaucoup d’entre nous. Est-ce que d’autres quartiers subissent le même problème ? J’espère que des solutions rapides seront trouvées.

  4. Éloi Rousselone

    Cet article de Éloi Rousselone est vraiment bien écrit. Il met en lumière une problématique que beaucoup semblent ignorer. Je partage entièrement son point de vue sur l’impact des carrières souterraines sur l’environnement et les habitations. Les témoignages des riverains apportent une réelle dimension humaine à cette situation inquiétante.

  5. Mélusine Piquet

    Franchement, je ne comprends pas trop cette histoire de fissures. Les carrières, ça a toujours existé, et là, on dirait que c’est juste la sécheresse qui fait parler. Il faudrait être un peu plus objectif dans ces débat, non ?

  6. Léandro Morel

    C’est choquant ce qui se passe à Cherves-Richemont ! Les gens méritese d’être protégé de ces fissures. Si le gypse fragilisé les maisons, c’est pas normal que l’exploitant se lave les mains ! On devrait demander des comptes.

  7. Jean-Pierre Boulanger

    C’est inquiétant de voir que les habitants subissent des dégâts chez eux. Les compagnies doivent prendre leurs responsabilités. On ne peut pas ignorer l’impact de l’exploitation minière sur les habitations. Une expertise indépendante est vraiment nécessaire pour comprendre la situation.

  8. Solenn Montgriffe

    C’est ahurissant de voir à quel point les carrières de gypse mettent en péril la sécurité des maisons ! Les habitants de Cherves-Richemont méritent des réponses claires. Il est temps d’agir avant que les fissures deviennent des gouffres !

  9. Clémence Oberlin

    Il est alarmant de voir comment les intérêts économiques passent avant la sécurité des habitants. Les fissures dans les maisons ne sont pas que des problèmes esthétiques, elles soulignent l’urgence d’une régulation stricte des activités minières. Les habitants méritent des réponses et des protections concrètes.

  10. Jean-Louis Favreau

    C’est vraiment inquiétant de voir ces fissures se multiplier. Je ne suis pas sûr que cela soit uniquement dû à la sécheresse, surtout avec toutes ces activités souterraines. Les autorités doivent agir pour protéger nos maisons et garantir notre sécurité.

  11. Gaspard Lefranc

    Franchement, c’est inquiétant ce qui se passe à Cherves-Richemont. Les fissures dans les maisons ne peuvent pas être seulement dues au sol. Il faut prendre en compte l’impact des carrières. Les habitants méritent des réponses claires, pas des promesses vagues des exploitants.

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