Perché entre sapins et pâturages, à quelques kilomètres de la frontière suisse, un site jusqu’ici anodin pourrait désormais modifier les équilibres industriels européens. La découverte d’un gisement de néodyme dans le massif du Jura intrigue autant qu’elle inquiète certains acteurs économiques et diplomatiques. Si le chiffre de 12 millions d’euros évoqué localement reste à confirmer, l’enjeu dépasse largement cette estimation.
Une ressource critique au cœur des montagnes
Le néodyme n’a rien d’exotique pour les industriels. Ce métal rare est indispensable à la fabrication d’aimants permanents de haute performance, utilisés dans les moteurs électriques, les éoliennes, les disques durs et même les véhicules hybrides. En un mot : la transition énergétique tourne grâce au néodyme. Et jusqu’à présent, 98% de cette ressource provenait de Chine [source : www.mineralinfo.fr].
Le gisement découvert dans le Jura pourrait couvrir jusqu’à 30% des besoins français dans les prochaines années, selon une note confidentielle relayée sur dbl-constructions.fr. À l’échelle de l’UE, cela représente une opportunité stratégique rare.

Un gisement, trois conséquences majeures
- Un regain d’activité économique localement, avec environ 500 emplois directs et 1 500 indirects attendus d’ici trois ans [source : inspirefrance.fr]
- Un repositionnement géopolitique pour l’Europe sur le marché critique des terres rares
- Des tensions internationales croissantes entre puissances dépendantes de ces ressources
Les deux géants aux aguets
À peine l’annonce diffusée, les discussions diplomatiques et commerciales se sont accélérées en coulisses. Washington, très actif ces deux dernières années pour diversifier ses sources d’approvisionnement en terres rares après la perte d’influence au Congo et au Myanmar, aurait envoyé une première mission en Bourgogne-Franche-Comté dès le mois de mai. Une source locale m’a confié, sous couvert d’anonymat, que des ingénieurs parlait déjà anglais dans les couloirs de la mairie d’un village pourtant absent des radars il y a six mois.
La Chine, elle, n’a pas tardé non plus. Par l’intermédiaire d’un groupe industriel basé à Shenzhen, des propositions de partenariat ont été envoyées à l’Agence nationale de cohésion des territoires. Objectif officieux : maintenir son avantage industriel à l’exportation des composants à base de terres rares.
« En vingt ans ici, je n’avais jamais vu autant de monde en costume. Les gens venaient des États-Unis, de Corée, même d’Australie. Ils ne regardaient même pas les sapins. Que la terre », témoigne Jean-Luc Pichon, agriculteur près de Moirans-en-Montagne.
Une valorisation sous-estimée ?
Alors que certaines rumeurs circulent autour d’un chiffre de 12 millions d’euros, aucune source officielle n’a jusqu’ici confirmé cette évaluation. Selon les experts du Centre national de la recherche technologique sur les métaux rares, cette estimation ne permettrait de couvrir ni le coût des études géologiques approfondies ni les aménagements d’infrastructure pour une extraction durable.
La valeur réelle dépendra surtout du volume de néodyme effectivement exploitable. À l’échelle mondiale, 54 000 tonnes ont été produites en 2021, pour un marché estimé à plusieurs milliards d’euros [source : www.tribune-des-metaux.fr]. Il n’est donc pas exclu que le potentiel du Jura dépasse largement les spéculations initiales.

Une opportunité pour les acteurs locaux
Dans la région, certaines entreprises se préparent déjà. C’est le cas de NP Jura, spécialiste de l’usinage de précision, qui prévoit d’agrandir ses capacités d’accueil et de production. D’après les chiffres de Xerfi, la PME a réalisé 34 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Une montée en puissance du secteur minier pourrait doubler ce volume dans les trois ans à venir.
Nom | Activité | Effectif actuel | Projections 2027 |
---|---|---|---|
NP Jura | Précision industrielle | 145 employés | 220 employés |
Néodyme SCOP | Assemblage magnétiques | 116 employés | +60% estimés |
Réglementation et résistance
Reste à savoir quelle forme prendra l’exploitation. L’Office français de la biodiversité (OFB) et le BRGM sont en phase de pré-évaluation depuis plusieurs semaines. Une étude d’impact environnementale est attendue pour le dernier trimestre. La Direction régionale de l’Environnement (DREAL) a déjà reçu plusieurs courriers d’opposants, selon des documents internes que j’ai pu consulter.
Le néodyme est principalement présent sous forme d’oxyde dans des roches complexes, nécessitant des procédés chimiques pour l’extraire. Ces méthodes posent des défis écologiques majeurs. La nouvelle réglementation européenne, entrée en vigueur en janvier dernier, impose des procédures strictes d’autorisation et de surveillance [réf : regl.europa.eu].
FAQ
Quels sont les principaux défis pour l’exploitation écologique du néodyme ?
Le principal défi reste la séparation du néodyme des autres minéraux. Elle nécessite l’usage de solvants acides et de produits chimiques à fort impact environnemental. Des technologies de séparation propres sont actuellement en développement, mais leur coût reste élevé.
Comment la découverte du néodyme dans le Jura impacte-t-elle la géopolitique des terres rares ?
Elle pourrait permettre à l’Europe de réduire sa dépendance à la Chine, qui contrôle près de 70% du raffinage et de la production mondiale. Les pays occidentaux cherchent à diversifier les sources afin de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement.
Quels sont les avantages stratégiques pour la France avec ce gisement de néodyme ?
Ce gisement offre à la France une opportunité unique de renforcer sa souveraineté industrielle dans les technologies vertes, en créant un nouveau pôle de compétences régional.
Comment les entreprises locales préparent-elles à accueillir les nouveaux employés dans le secteur minier ?
Des accords sont en cours avec plusieurs centres de formation professionnelle pour adapter les programmes. Des projets de logements sont également discutés avec les intercommunalités voisines.
Quels sont les autres gisements de terres rares découverts récemment en Europe ?
Des prospections sont en cours en Suède et en Finlande. Le site de Kiruna, au nord de la Suède, a récemment confirmé une importante réserve, qualifiée de “potentiellement révolutionnaire” par le Parlement européen.