Les boîtes aux lettres ont parlé avant les médias. Début mai, plusieurs habitants de communes situées entre la Dordogne et la Haute-Vienne ont reçu un courrier administratif, platement rédigé mais chargé de promesses.
Il ne s’agissait pas de relance fiscale ni d’une convocation électorale : le courrier annonçait l’ouverture d’une procédure minière, préalable à d’éventuels travaux d’exploration. Une mention technique y a semé la confusion : « substances contenant de l’or, de l’argent et autres minéraux ».
Rapidement, dans les rumeurs comme sur les réseaux, une information circula : 120 millions de tonnes d’or auraient été découvertes sous leurs pieds.
Une confusion entre or et minerai… et entre France et Guinée
Le chiffre impressionne. 120 millions de tonnes d’or brut seraient une découverte sans précédent mondial. Or, ce volume n’a rien à voir avec le sous-sol français. Cette estimation est en réalité celle évoquée pour le projet de Simandou, un immense gisement de minerai de fer situé en Guinée, comme le rapporte l’Agence Ecofin. Un glissement sémantique a suffi à alimenter une rumeur dans l’Hexagone, appuyée par le flou technico-administratif des documents reçus par les habitants.

Une recherche autorisée sur 39,2 km²
En réalité, un permis exclusif de recherches (PER) a bien été délivré dans le courant de l’année en cours à une filiale française du groupe allemand Honsberg Metalltechnik. Ce projet vise une superficie de 39,2 km² sur les territoires des communes du nord de la Dordogne et du sud de la Haute-Vienne.
Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) mentionne des concentrations locales pouvant atteindre 20 grammes d’or par tonne de roche, ce qui est significatif en comparaison des standards européens. L’autorisation est liée au programme public de relance minérale (BRGM.fr), doté de 53 millions d’euros par l’État dans l’objectif de répertorier les ressources critiques pour l’industrie de la transition écologique.
Les habitants informés par la poste
Comme le prévoit le Code minier révisé en 2024, la phase de concertation publique inclut désormais l’envoi d’un courrier individuel aux riverains des zones concernées. Cette procédure vise à garantir de meilleures conditions de transparence. Ce n’est pas une notification d’exploitation, mais une information préalable à de potentielles campagnes de sondage géologique.
« J’ai cru à une erreur au début. Quand j’ai lu ‘or’, j’ai presque ri. Et puis j’ai vu le tampon du ministère… Là je me suis dit : il se passe quelque chose », m’a confié Mireille, 62 ans, habitante à Saint-Hilaire-les-Places.
Pas une mine, pour l’instant
À ce stade, aucun forage n’a été entrepris. Le permis ne concerne que la prospection et non l’exploitation. La différence est majeure : il s’agit simplement de vérifier si les concentrations sont économiquement exploitables. D’après les données consultables sur le site du JDN, la quantité potentielle sur l’ensemble de la zone se situerait plutôt entre 30 et 50 tonnes d’or, encore loin d’être prouvées.
Une vieille histoire géologique qui refait surface
Les gisements aurifères ne sont pas nouveaux dans cette région. Le Massif Central, via ses failles métamorphiques profondes, regorge de veines métallifères, parfois connues depuis les Romains. Ce qui est nouveau, c’est la volonté française de réduire sa dépendance en matières critiques importées, renouant ainsi avec des ambitions minières oubliées depuis la fermeture des dernières exploitations dans les années 90.
La ruée vers l’information, pas vers l’or
Le bruit autour de la découverte a obligé plusieurs institutions à clarifier leur communication. Le BRGM met régulièrement à jour son inventaire minéral, notamment en Guyane où des ressources similaires sont cartographiées avec rigueur. L’ombre du canular d’Auvergne de 150 « fausses » tonnes d’or, relayé maladroitement en avril dernier, a contribué à la prudence actuelle (AA.com.tr).
Des chiffres à retenir
Lieu | Quantité estimée | Statut |
---|---|---|
Dordogne / Haute-Vienne | 30 à 50 tonnes d’or | Permis de prospection |
Simandou (Guinée) | 120 millions de tonnes de minerai de fer | Projet d’exploitation |
France (total connu) | 300 à 400 tonnes d’or (réserves identifiées) | Diverses étapes |
FAQ
Quels sont les impacts environnementaux potentiels de l’exploitation de ce gisement d’or ?
Les projets miniers, même à l’état de prospection, sont soumis à de strictes études d’impact. L’or nécessite souvent l’usage de cyanure pour son extraction, une procédure encadrée par une législation rigoureuse en France. Toutefois, aucune activité de ce type n’a encore été autorisée dans ce cas précis.
Comment les habitants de la région réagissent-ils à la découverte de ce gisement ?
Certains entrevoient une opportunité économique, après des années de fermeture d’usines et de désertification. D’autres, inquiets pour l’environnement et le paysage, redoutent un retour à une quelconque forme d’industrialisation bruyante et polluante.
Quelles sont les étapes suivantes pour l’exploitation de ce gisement d’or ?
Il faudra d’abord achever les campagnes de prélèvement et valider techniquement la qualité du sous-sol. Si les indicateurs sont favorables, une demande d’autorisation d’exploitation devra être déposée, suivie d’une enquête publique obligatoire et, potentiellement, d’une concertation locale.
Quelle est la taille exacte du gisement découvert dans cette région de France ?
On parle ici de zones aurifères de 39,2 km² avec des concentrations variables. Il ne s’agit pas d’une nappe unique mais d’un regroupement de veines aurifères éparses. Aucun chiffre officiel ne valide encore une estimation finale.
Quels autres métaux précieux sont présents dans ce gisement ?
Les minéralisations détectées incluraient de l’argent, du tungstène et du cuivre en quantité modérée. Ces métaux ont des usages dans l’électrotechnique et l’aéronautique, ce qui peut également renforcer l’intérêt du site pour le tissu industriel français.