J’ai laissé chatGPT gérer mon porte feuille d’action sur une semaine, voici le résultat 7 jours plus tard

Gary Hubert
Gary Hubert
Analyste financier
Une semaine d’expérimentation, une dose de curiosité et une IA en terrain boursier. L’expérience soulève plus de questions que de certitudes.

Confier son argent à une intelligence artificielle, même pour quelques jours, soulève à la fois fascination et scepticisme. J’ai voulu tester jusque dans mon portefeuille : en délégant la stratégie d’investissement pendant sept jours à ChatGPT. L’idée était simple : sélectionner un échantillon d’actions selon ses recommandations, sans intervenir, et observer le résultat.

Le protocole de l’expérience : simple mais révélateur

Je suis parti avec 5 000 euros, fictifs certes, mais engagés dans un cadre réaliste. À l’aide d’un compte démo utilisant les cotations réelles, j’ai demandé à ChatGPT de me suggérer « un portefeuille diversifié d’actions cotées en Europe ou aux États-Unis avec un bon potentiel à court terme ». Le modèle a répondu avec une liste de dix entreprises, issues de secteurs variés (technologie, énergie, pharmaceutique). Nvidia, LVMH ou encore Pfizer sont apparus dans cette présélection.

Les ordres ont été exécutés un lundi à l’ouverture, sans ajustement, selon une pondération égale (10 % du capital par action). Pendant sept jours, je n’ai consulté les valeurs qu’en fin de journée. Aucun sentiment, aucune panique, aucune analyse humaine. Juste du machine learning, hérité des données textuelles disponibles avant avril 2023.

Sept jours plus tard : un résultat neutre, mais riche d’enseignements

À la fin de la semaine, le portefeuille affichait une performance de +0,3 %. En réalité, un chiffre parfaitement banal. Le CAC 40 avait reculé de 0,6 %, le Nasdaq grimpé de 0,9 %. Statistiquement, une variation insignifiante. Pas de prouesse spectaculaire, pas non plus de catastrophe. Juste une stagnation informée.

Le tableau ci-dessous résume la contribution de chaque valeur conseillée par ChatGPT :

Action Évolution sur 7 jours
Nvidia +2,1 %
LVMH -1,8 %
Pfizer -0,4 %
Shell +1,5 %
ASML +0,9 %

Rien d’incroyable, rien de dramatique. Et c’est bien là le cœur du sujet.

La limite des performances à très court terme

Une semaine n’est pas un horizon pertinent pour juger de la qualité d’un investisseur, qu’il soit humain ou algorithmique. Comme l’a rappelé l’étude menée par Hubfinance, la période idéalisée pour évaluer une stratégie repose au minimum sur deux mois, avec un écart-type suffisamment réduit pour que l’on interprète réellement les écarts.

À court terme, le rendement d’un portefeuille est soumis à trop d’aléas : tensions macroéconomiques, annonces d’entreprises, variations de matières premières… Un bruit de marché susceptible d’engloutir n’importe quelle logique, même léchée par une IA complète.

Un outil d’aide, pas de prédiction

Un analyste d’AI-Street, plateforme spécialisée dans l’investissement algorithmique, que j’ai contacté, a été clair :

“Un portefeuille ChatGPT surperforme par alignement statistique avec des facteurs de risque existants, non par compétence prédictive. Il ne lit pas les marchés, il recopie un raisonnement modélisé à partir d’un corpus.”

Des performances meilleures sur des durées plus longues

Les expériences sérieuses sur l’usage de ChatGPT comme outil de sélection d’actions ont été menées sur plusieurs mois. En 2023, une simulation britannique d’un portefeuille construit par ChatGPT sur huit semaines a réalisé +4,9 %, devançant dix fonds gérés activement qui perdaient en moyenne 0,8 % (source Yomoni).

Autre exemple : un test de janvier 2023 à janvier 2024 a indiqué un gain théorique de 42,4 %, mais fortement biaisé par une exposition massive à Nvidia (+246 % en un an). Et des fonds spéculatifs comme ceux étudiés par AI-Street ont gagné jusqu’à 5 % de plus par an lorsqu’ils validaient leurs choix avec des outils liés à ChatGPT.

Comprendre comment fonctionne la sélection

ChatGPT ne suit pas le marché en temps réel. Il ne capte ni les actualités en direct, ni les publications de résultats à venir. Il fonde ses suggestions sur les données disponibles avant avril 2023. En somme, c’est un agrégateur de raisonnements passés. Et ça se ressent dans la rigueur de ses réponses, comme dans sa vulnérabilité aux biais historiques (biais sectoriels, surexposition aux valeurs de croissance, etc.).

Pas étonnant donc, que sa vision tende à favoriser des entreprises déjà performantes, aux bilans solides, mais pas forcément à haut potentiel spéculatif.

FAQ

Quels sont les avantages et inconvénients de laisser ChatGPT gérer mon portefeuille ?

  • Avantage : permet une première sélection méthodique et rapide, utile pour débutants.
  • Inconvénient : ne garantit aucune actualisation en temps réel, n’intègre pas les événements de marché récents, peut halluciner des données.

Comment ChatGPT a-t-il sélectionné les actions pour mon portefeuille ?

Il s’est basé sur des facteurs génériques comme la faible dette, un bon rendement et des performances passées, selon des publications disponibles jusqu’en 2023. Il ne consulte aucune base de données financière en direct.

Quels critères ChatGPT utilise-t-il pour choisir les actions ?

En règle générale : ratio cours/bénéfices raisonnable, croissance du chiffre d’affaires, stabilité financière, réputation de l’entreprise et parfois données ESG (environnementales, sociales, gouvernance).

Est-ce que ChatGPT a été plus performant que les gestionnaires de fonds traditionnels ?

Sur certaines périodes limitées (2 à 12 mois), des portefeuilles fondés sur les suggestions de ChatGPT ont surpassé la moyenne des fonds actifs. Voir AI-Street et les publications de Yomoni. Mais ces performances ne sont ni garanties, ni constantes.

Quels types d’actions ChatGPT a-t-il recommandées pour mon portefeuille ?

Des valeurs souvent à forte capitalisation, bien établies. Technologie (Nvidia, ASML), énergie (Shell), luxe (LVMH), santé (Pfizer). Très peu de valeurs spéculatives ou de small caps exotiques.

L’expérience, si elle n’a pas transformé 5 000 euros en jackpot, a ouvert le débat. ChatGPT ne remplace pas l’analyse humaine. Mais il s’impose déjà comme un assistant crédible de première ligne… du moment qu’on reste aux commandes.

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