Je pensais qu’il s’agissait d’un simple sou, usé au fil du temps. Une pièce de 1 centime, rongée, sans distinction visible. Mais après avoir consulté un expert en numismatique lors d’un vide-greniers ce week-end, j’ai reçu une offre inattendue : 3 800 euros. Une proposition claire, écrite, signée.
L’histoire d’un centime oublié
La pièce en question traînait dans une coupelle en porcelaine, à côté de clés que personne n’utilise plus. Je l’ai remarquée pendant que je nettoyais le mobilier de mes parents récemment décédés. Intrigué par l’absence totale de date, je l’ai mise de côté. Et une semaine plus tard, par simple curiosité, je me suis rendu à un événement numismatique à Saint-Herblain.
Sur place, un expert — qui a préféré garder l’anonymat — a pris l’objet entre ses doigts gantés, l’a observé à la loupe et m’a dit : « C’est extrêmement rare, ce marquage, ou plutôt son absence, en dit long. » C’est là qu’il m’a offert 3 800 €.
« Je ne savais même pas qu’une pièce sans date pouvait avoir de la valeur… Elle était dans la maison depuis des années. Un expert m’a dit qu’il pouvait s’agir d’un “mule” », raconte Pascal, 46 ans, visiblement encore surpris par cette offre.

Qu’est-ce qu’un mule et pourquoi c’est recherché ?
En numismatique, un “mule” désigne une pièce qui combine deux faces normalement destinées à des pièces différentes, ou produite à partir de coins mal alignés. Dans certains cas, il arrive que le coin utilisé soit usé au point de rendre la date invisible — mais ce n’est pas pour cela que la pièce gagne en valeur. Sauf exceptions rares.
Selon plusieurs experts que j’ai interrogés après cette rencontre, certaines erreurs de frappe ou essais non officiels peuvent créer des pièces sans date claire, mais ce sont les circonstances précises de frappe — atelier, année, tirage, matériau et contexte historique — qui font grimper la valeur.
Erreur ? Faux ? Objet unique ?
J’ai pris soin de faire examiner la pièce par un second évaluateur, à Paris cette fois. Verdict : doute sur l’authenticité de la frappe exceptionnelle évoquée par le premier expert. Bien qu’intéressé, ce second expert n’a proposé que 35 €, estimant qu’elle était usée naturellement, sans valeur de collection significative.
Ce type d’écart d’estimation n’est pas rare dans l’univers numismatique. Pour donner un peu de contexte, voici un aperçu de la valeur des pièces similaires selon les bases de données spécialisées :
Type de pièce | Année | État | Valeur estimée max |
---|---|---|---|
1 cent canadien (non magnétique) | 2006 | AU-50 | 132 € |
1 cent euro (France) | 1999 | Belle Épreuve (BE) | 10 € |
1 cent euro Espagne (anomalie) | 2002 | NC | jusqu’à 100 € |
Le piège des espoirs à 4 chiffres
Alors, ma pièce vaut-elle vraiment 3 800 € ? Sur le marché visible, rien ne le confirme objectivement. Aucun des grands catalogues de collection ni les enchères recensées ne listent une pièce de 1 centime sans date comme atteignant cette valeur. Le premier expert m’a peut-être proposé cette somme dans le cadre d’une spéculation, ou alors il avait identifié quelque chose de rare que d’autres n’ont pas vu. Mais sans expertise indépendante certifiée, impossible de valider cette promesse.
Pour ceux qui trouvent des pièces atypiques au fond de leurs tiroirs, voici quelques critères rudimentaires à observer :
- La lisibilité des gravures (années, inscriptions, symboles)
- L’alignement des faces et la symétrie
- Le poids exact (à 0,1 g près)
- La réponse à l’aimant (certaines raretés ne sont pas magnétiques)

Quand la pièce familiale devient objet de débat
Depuis la publication de mon histoire dans un forum local, des collectionneurs me contactent, entre scepticisme et curiosité. L’un d’eux a même demandé à voir la pièce en photo haute définition. D’autres pensent que l’histoire elle-même vaut de l’argent et m’ont suggéré de raconter l’anecdote sur une chaîne spécialisée.
Entre le rêve d’un trésor caché et la réalité mouvante des estimations numismatiques, il y a un monde. Je garde pour l’instant la pièce, refusant l’offre initiale. Je veux comprendre, et peut-être, mettre au défi le marché. Après tout, cette pièce valait zéro hier… Qui sait demain ?