1 héritier sur 5 peut être légalement écarté de la succession lorsque ces règles ne sont pas respectées

Mathias Debroize
Mathias Debroize
Master 2 en finance, régulateur des marchés financiers
Des divergences familiales aux contentieux juridiques, la transmission d’un patrimoine soulève parfois des décisions inattendues.

Dans le tumulte des successions, certaines situations conduisent à remettre en cause la place d’un héritier pourtant désigné par le sang ou le mariage. Lorsqu’on me répète que « 1 héritier sur 5 peut être légalement écarté de la succession lorsque ces règles ne sont pas respectées », je me suis demandé d’où venait ce chiffre, et dans quelles conditions un tel scénario pouvait réellement se produire. La réponse est moins tranchée qu’elle n’en a l’air, mais elle repose sur des mécanismes juridiques bien précis que j’ai voulu éclaircir.

Le droit successoral français protège certains héritiers

En France, le Code civil établit que certains héritiers ne peuvent être déshérités : les enfants, et dans certaines situations, le conjoint survivant. On les appelle les « héritiers réservataires ». Cette protection juridique leur garantit une part minimale de l’héritage, quel que soit le contenu d’un testament éventuel.

Par exemple, si le défunt avait trois enfants, alors 75 % de la succession leur revient obligatoirement, répartis à parts égales. Seuls les 25 % restants – la quotité disponible – peuvent être légués librement, à un tiers ou à l’un des enfants de manière privilégiée. Mais attention, cela ne signifie pas pour autant qu’un des enfants peut être totalement exclu.

Indignité : le cas extrême de l’exclusion légale

Un héritier peut être exclu de la succession dans plusieurs cas très encadrés, notamment pour cause d’indignité. Cette sanction juridique suppose que l’héritier ait commis une faute grave envers le défunt : meurtre, tentative d’homicide, violences graves… La loi précise ces cas dans les articles 726 et 727 du Code civil (legifrance.gouv.fr).

Selon un rapport du Conseil national des barreaux publié en 2023 (CNB), les exclusions pour indignité concernaient 0,7 % des successions en France cette année-là. Difficile donc d’imaginer un « 1 héritier sur 5 » systématiquement évincé.

« Après des années de violences psychologiques sur notre père, mon frère a été déclaré indigne par le tribunal. Il a perdu tout droit à l’héritage. Ce jugement a été une libération, mais aussi un déchirement », témoigne Isabelle R., 48 ans, qui a vécu l’exclusion judiciaire de son propre frère dans le Loiret.

Renoncer volontairement à sa réserve : un mécanisme peu connu

Depuis la loi du 23 juin 2006, un héritier peut renoncer à contester une atteinte à sa part réservataire. Cette renonciation anticipée à l’action en réduction permet à un parent d’avantager un enfant ou un tiers, en accord avec tous les héritiers réservataires. Selon le livret Successions de la Chambre des Notaires de Paris, ce mécanisme a été utilisé dans 17 % des successions notariées en 2023.

Mais il ne s’agit pas là d’une exclusion imposée : l’héritier renonce en connaissance de cause, par acte notarié. Ces renonciations participent parfois au mythe que certains héritiers sont arbitrairement « sortis » de la succession.

Quotité disponible : une confusion fréquente

La mention de « 1 héritier sur 5 » semble plutôt renvoyer à une autre notion : la part librement transmissible. En présence de trois enfants, le testateur peut disposer de 25 % de son patrimoine comme bon lui semble. Il peut donc favoriser un enfant plus qu’un autre. Mais aucun ne peut être totalement privé de sa part, à moins d’avoir signé une renonciation comme vu plus haut ou d’être déclaré indigne.

Nombre d’enfants Part réservataire Quotité disponible
1 enfant 50 % 50 %
2 enfants 2/3 1/3
3 enfants ou plus 75 % 25 %

Ce tableau montre clairement qu’aucun enfant ne peut être totalement exclu de l’héritage en situation classique. La confusion vient souvent d’un usage de la quotité disponible pour avantager un seul enfant, donnant l’impression – erronée – que les autres sont écartés.

Dévolution légale : des héritiers naturellement exclus sans litige

En l’absence de testament, des degrés de parenté éloignés peuvent être écartés de la succession par simple application du droit. Le site service-public.fr rappelle que les enfants passent avant tous les autres héritiers, puis viennent les parents, les frères et sœurs, etc.

Exemple courant : un défunt sans enfant ni conjoint laisse une sœur, un neveu et une cousine. Sans testament, seuls les plus proches parents – ici la sœur – héritent. Ce mécanisme, bien qu’automatique, n’est pas une « exclusion » active mais une absence de vocation successorale.

Quels sont les recours disponibles pour un héritier écarté de la succession ?

Un héritier estimant avoir été injustement exclu peut saisir le tribunal judiciaire pour contester un testament ou faire reconnaître son droit à la réserve héréditaire. Cette démarche implique souvent un avocat et une expertise patrimoniale.

Comment peut-on contester un testament si on est écarté de la succession ?

Il faut démontrer que le testament porte atteinte à la réserve héréditaire ou qu’il est entaché d’un vice de forme ou de consentement (manipulation, abus de faiblesse). Le recours peut être engagé dans les 5 ans suivant l’ouverture de la succession.

Quelles sont les conséquences légales pour un héritier exclu de la succession ?

Un héritier exclu pour indignité perd toute vocation successorale : il doit restituer les biens et revenus perçus, et n’a plus droit à aucune part de la succession. Cela peut aussi affecter ses propres descendants.

Quels cas spécifiques peuvent entraîner l’exclusion d’un héritier ?

Outre l’indignité (violence, crime, abus), des conflits familiaux graves peuvent conduire à des accords de renonciation. Le conflit ne suffit pas à lui seul à exclure un héritier sans décision de justice.

Comment la renonciation à la succession affecte-t-elle les droits des héritiers ?

Un héritier peut décider de ne pas accepter sa part, souvent pour ne pas assumer des dettes. Dans ce cas, la succession est répartie entre les autres héritiers ou passe aux descendants de celui qui renonce.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut