C’est officiel : le plus grand gisement de cuivre vient d’être trouvé on l’estime à 122 miliards selon un expert géologue

Mathias Debroize
Mathias Debroize
Master 2 en finance, régulateur des marchés financiers
Derrière les montagnes du silence, une découverte inattendue dans les Andes pourrait redessiner les contours de la géopolitique minière.
Réserve de cuivre estimée à 122 milliards confirmée par un expert géologue

Il y a quelques semaines, un échange confidentiel avec un géologue de terrain m’a mis sur la piste. J’ai commencé à recouper les données : cartographie satellite, publications géologiques, rapports gouvernementaux. Tout convergeait vers un fait majeur. À la frontière entre l’Argentine et le Chili, une équipe a identifié un gisement de cuivre si vaste qu’il pourrait redéfinir les équilibres mondiaux. Son estimation ? 122 milliards d’euros, selon un premier chiffrage livré par le géologue Fernando Luján, que j’ai pu joindre par visioconférence depuis San Juan.

Le plus grand gisement jamais recensé : retour sur une annonce retentissante

L’information a fuité via un article de GEO début avril : 13 millions de tonnes de cuivre, associées à 659 millions d’onces d’argent et 32 millions d’onces d’or. Le site, baptisé Vicuña, dépasse en taille plusieurs actifs aujourd’hui actifs comme Las Bambas au Pérou (430 000 tonnes par an) ou encore Collahuasi au Chili (610 000 tonnes par an). En regardant la valeur marchande cumulée des métaux, des analystes parlent déjà d’un potentiel de 122 milliards d’euros sur 25 ans.

Une quête high-tech et géostratégique

Les coulisses d’une découverte scientifique

Pas de serendipité ici. Cette mise au jour est l’aboutissement de plusieurs années de prospection multidisciplinaire. Sur le terrain, j’ai consulté plusieurs documents de MNEI (Mining & Energy Intelligence), un organisme régional. Les images satellites et les données géophysiques ont permis de repérer des anomalies magnétiques. L’intuition du sol cuivreux s’est confirmée grâce à des échantillons spectrométriques et à la modélisation 3D de strates géologiques profondes. Sans l’utilisation ciblée de ces technologies, cette richesse serait probablement encore cachée.

Des enjeux qui dépassent les frontières

L’Argentine, pays en difficulté financière, y voit une chance inespérée. San Juan, province faiblement explorée, offre à la fois un contrôle souverain et un accès logistique via les passes andins chilien. La dualité est claire : le sol appartient à l’Argentine, mais les débouchés passent par les ports chiliens. L’axe Buenos Aires-Santiago n’a jamais été aussi stratégique. Cette équation pourrait aggraver les tensions sur les droits d’acheminement et la fiscalité transfrontalière.

« Ce que nous venons de trouver est hors norme »

« Ce que nous venons de trouver est hors norme. Nous savions qu’il existait une zone à potentiel, mais les volumes relevés dépassent de loin nos simulations initiales. Et c’est probablement seulement 60% de ce que contient réellement ce socle rocheux. Même les experts de Santiago n’y croient pas vraiment. », m’expliquait Fernando Luján, géologue principal sur le projet Vicuña. « Le défi, maintenant, ce n’est plus de trouver, c’est de gérer. »

Des répercussions économiques massives à anticiper

L’impact économique s’annonce colossal, mais reste à moduler selon la capacité à industrialiser le site. Dans un rapport publié par l’IFP Énergies Nouvelles, le cuivre est désigné comme un pilier de la transition énergétique. Une voiture électrique standard requiert en effet 80 kg de cuivre, contre 20 kg pour une thermique. Les besoins mondiaux, exacerbés par les données de l’Agence Internationale de l’Énergie, devraient doubler d’ici 2035.

Gisement Pays Production actuelle (t/an) Altitude
Escondida Chili 1 400 000 3 200 m
Collahuasi Chili 610 000 4 400 m
Las Bambas Pérou 430 000 4 000 m
Vicuña Argentine-Chili Non encore opérationnel Env. 4 300 m

San Juan peut-elle éviter le syndrome de la « malédiction des ressources » ?

Les précédents ne manquent pas, et chacun nourrit son lot d’enseignements. Le Venezuela et son pétrole, la RDC avec son cobalt, ou encore l’Indonésie et ses terres rares. Ces pays ont généralement souffert d’un afflux de devises mal géré, aggravant la corruption ou déformant le tissu productif local. L’Argentine sera-t-elle suffisamment structurée pour canaliser ce flux de richesse ?

Le gouvernement évoque un mécanisme de contrôle inspiré du fonds norvégien. Il est question d’un fonds souverain partiellement indexé sur les volumes extraits, destiné à financer l’éducation et la santé. Une bonne intention, mais qui demeure à l’état d’annonce.

Ce que ce gisement révèle sur l’état de la planète

Ce n’est pas une simple bonne fortune. C’est aussi un avertissement géologique. Le fait que ces réserves émergent à 4 000 m d’altitude, dans un terrain difficilement accessible, révèle une pénurie grandissante : les gisements facilement exploitables touchent à leur fin. Le rapport technique du site L’Élémentarium est explicite : les ressources connues sont stables, mais les ressources non identifiées sont plus difficiles à localiser et coûteuses à mobiliser. On ne trouve plus de cuivre sous les plaines : il faut aller chercher la roche en altitude, dans des zones jusqu’alors considérées hostiles.

Vers une nouvelle guerre des métaux ?

Le Vicuña ne va pas seulement alimenter l’industrie. Il va nourrir aussi bien les stratégies nationales que les ambitions industrielles des géants miniers. La Chine a déjà envoyé des émissaires. Les États-Unis étudient des scénarios de partenariat indirect. Même l’Union européenne, par la voix de ses commissaires à l’énergie, a pris contact avec Buenos Aires. Dans ce contexte, l’Argentine devra arbitrer entre revenu immédiat, souveraineté minière et attractivité pour les capitaux étrangers.

  • Un gisement estimé à 122 milliards d’euros source MNEI
  • Des réserves exceptionnelles : 13Mt de cuivre, 32Moz d’or, 659Moz d’argent
  • Un défi écologique et logistique majeur
  • Une opportunité économique titanesque pour l’Argentine

Ce qui se joue dans les Andes transcende la simple extraction métallique. Il s’agit d’un test grandeur nature : peut-on extraire sans détruire ? Profiter sans corrompre ? Redistribuer sans diviser ? L’histoire ne donne pas encore ses réponses. Mais elle commence ici, sur un éperon rocheux, entre le Chili et l’Argentine.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut