Guyane : un gisement aurifère à haute teneur déclenche des recours en série « zéro concertation »

Paul Emond
Paul Emond
Journaliste indépendant pour coursdesmetaux.fr
Dans les sous-sols de Guyane, un gisement d’or aux teneurs prometteuses agite depuis plusieurs mois les milieux économiques, politiques et associatifs. Une découverte qui ouvre autant de perspectives que de conflits, dans un climat tendu et opaque.

Une rumeur persistante circule dans les couloirs du bassin de l’Approuague depuis l’automne dernier : un gisement aurifère à haute teneur aurait été confirmé par des forages confidentiels menés dans la zone de « Nouvelle Espérance ». Derrière cette annonce non publique, la Compagnie Minière Espérance (CME), déjà titulaire d’une concession depuis 2011, entend faire basculer l’économie locale. Mais à quel prix ?

Une mine d’or sous haute pression

Le projet porte un nom qui évoque davantage une promesse qu’une certitude : « Nouvelle Espérance ». Pourtant, selon mes informations, les études géologiques internes avancent un potentiel compris entre 250 et 350 millions de tonnes de minerai, avec des teneurs oscillant entre 1,2 et 2 grammes d’or par tonne. L’annonce en coulisses a rapidement suscité l’intérêt des investisseurs et la méfiance des riverains.

La demande de prolongation de concession, engagée pour une durée de 25 ans, vise à pérenniser l’exploitation industrielle. Mais rien n’est acté. L’absence d’information publique a provoqué une levée de boucliers.

« Zéro concertation, zéro transparence. On apprend l’existence du projet quand tout est déjà prêt. C’est ça le dialogue avec l’État ? », proteste Régis Toko, habitant de Régina et membre du collectif « Kouman Nou Ye ? » qui regroupe une dizaine d’habitants concernés.

Mobilisations multiples et batailles juridiques

Recours à répétition

Les jurisprudences récentes témoignent d’un contentieux croissant. En janvier 2024, six associations de Guyane, appuyées par des communautés autochtones du Haut-Maroni, ont déposé un recours collectif contre l’État pour défaut de concertation et violation du droit à un environnement sain. La plainte vise notamment la reconnaissance des droits du fleuve Maroni, une initiative sans précédent en France.

D’autres cas antérieurs ont marqué le territoire :

  • 2019 : Suspension d’une autorisation d’exploitation d’or alluvionnaire suite à un recours porté par Maïouri Nature Guyane.
  • 2020 : Dépôt de recours juridico-administratifs par la Compagnie Montagne d’Or pour tenter d’imposer un renouvellement de concessions.
  • 2021 : Nouvel avis défavorable de la Commission départementale des mines contre ces prolongations.

Ces épisodes révèlent la profondeur d’une fracture entre une gouvernance minière centralisée et une société civile de plus en plus active.

Une cascade de désaveux

Le projet « Nouvelle Espérance » ne reçoit aucun appui institutionnel localement. Le conseil régional de Guyane a voté à l’unanimité contre toute relance de l’exploitation minière dans la zone, un avis partagé par le Conseil économique, social et régional dès 2006 lors des débuts du projet Cambior, ancêtre juridique du dossier actuel.

Le comité du Parc naturel régional ainsi que le commissaire enquêteur en charge de la dernière enquête publique ont également émis des avis défavorables argumentés.

Un territoire sous tension réglementaire

Le Schéma Départemental d’Orientation Minière (SDOM) bloque toute activité sur plus de 45% du territoire guyanais, notamment dans les zones cœur du Parc Amazonien. Pourtant, voici ce que révèlent des documents obtenus auprès de plusieurs ONG locales :

Zone Status réglementaire Permis accordés
Sud-Maroni (proche zone cœur) Zone interdite à l’activité minière Recherche accordée à Rexma
Régina (Nouvelle Espérance) Zone autorisée à la prospection Concession sollicitée pour 25 ans par CME
Mont Itoupé Zone tampon du Parc naturel Permis refusé en 2021

Des dérogations sont parfois accordées malgré les protections, plongeant les acteurs locaux dans l’incompréhension.

Qui pilote ?

La multiplication des procédures et l’opacité des décisions alimentent une défiance généralisée. La société CME affiche un capital social de 153 000 euros, modeste pour un projet industriel de cette envergure. Plusieurs experts environnementaux s’interrogent sur sa capacité à gérer un projet estimé entre 100 et 200 millions d’euros en investissement initial.

D’autres redoutent que la concession soit rapidement cédée à un acteur plus grand, une fois les autorisations obtenues. En privé, les élus s’inquiètent d’un démarchage actif des entreprises canadiennes, russes ou chinoises dans la région.

« Ce qui nous est vendu comme une chance économique ressemble surtout à une bombe sociale retardée », lâche une fonctionnaire du ministère de la Cohésion des territoires, affectée à Cayenne, qui a souhaité garder l’anonymat.

Et maintenant ?

Alors que les audiences doivent avoir lieu cet automne à Cayenne, les tensions ne redescendent pas. Des collectifs envisagent déjà des actions sur site si les décisions de justice venaient à autoriser les travaux préliminaires. Sur place, la suspicion a remplacé la confiance.

Le gisement existe-t-il vraiment ? Les investisseurs y croient dur comme fer, les habitants beaucoup moins. En Guyane, l’or attire toujours — mais il divise plus encore.

21 réflexions sur “Guyane : un gisement aurifère à haute teneur déclenche des recours en série « zéro concertation »”

  1. Soren Malong

    C’est incroyable comme tout le monde parle de ce projet, mais les locaux sont laissés de côté ! Comment peut-on promouvoir l’or sans consulter les habitants ? Ça ressemble plus à une exploitation qu’à une opportunité. Il faut vraiment s’interroger sur ce qui se cache derrière cette ‘Nouvelle Espérance’.

  2. Lysandre Duval

    Cet article soulève des préoccupations légitimes sur l’impact de la mine d’or sur la communauté. Les habitants doivent être entendus et impliqués dans les décisions. L’environnement et le bien-être des riverains devraient primer sur l’appât du gain. La transparence est essentielle pour construire la confiance.

  3. Marinella Duval

    Ce projet semble vraiment problématique. La transparence et la concertation sont essentielles, surtout quand on parle de l’environnement et des droits des communautés locales. À quel point les habitants seront-ils écoutés si les décisions sont déjà prises en coulisses ?

  4. Alban Norguet

    Cet article est vraiment révélateur. L’auteur met en lumière des enjeux cruciaux pour la Guyane. J’apprécie son approche objective et son souci d’informer sur les préoccupations des habitants face à l’exploitation minière. Une belle plume qui mérite d’être lue pour comprendre les véritables enjeux locaux.

  5. Nazaré Chandon

    Je trouve que ce projet, même s’il promet des bénéfices, soulève beaucoup de questions. Les habitants doivent être consultés et informés. C’est leur terre après tout. La transparence est essentielle pour éviter les conflits futurs.

  6. Loïc Tranquille

    C’est vraiment choquant d’apprendre ça ! On dirait qu’il y a pas du tout de consultation. Les habitants ont le droit de savoir ce qui se passe chez eux. Si ça continue comme ça, l’avenir de la Guyane va être très sombre avec des mines qui polluent tout.

  7. Léonard Pompier

    Cet article met en lumière des préoccupations légitimes. Les habitants méritent d’être informés et consultés avant de prendre des décisions qui pourraient changer leur vie. L’absence de transparence de la Compagnie Minière Espérance soulève des doutes. L’or peut apporter de l’argent, mais à quel prix pour l’environnement et les communautés locales ?

  8. Léocadie Blanchard

    C’est incroyable de voir comment la recherche d’or peut mener à des conflits si intenses. Ces habitants méritent d’être entendus et respectés. Qu’est-ce qui arrive à notre planète si on aborde la nature comme un simple terrain de jeu pour les entreprises ? On est en train de sacrifier un écosystème précieux pour des promesses !

  9. Némo Guéguen

    Il est inacceptable que les décisions concernant notre terre soient prises sans consultation. Et cette opacité de la Compagnie Minière Espérance laisse craindre le pire pour notre environnement et nos communautés. Il est temps que la voix des habitants soit entendue, l’or ne doit pas sacrifier notre avenir.

  10. Soraya Létourneau

    Ce projet de mine d’or à Nouvelle Espérance soulève beaucoup d’inquiétudes. L’absence de transparence et la méfiance des habitants sont des signaux alarmants. L’économie locale mérite d’être respectée, et il est crucial d’intégrer la voix des riverains dans cette discussion.

  11. Léandre Vitter

    Franchement, je suis partagé. D’un côté, l’or pourrait apporter des emplois, mais de l’autre, les conséquences sur l’environnement et les populations locales sont inquiétantes. Pourquoi ne pas informer comme il faut et écouter vraiment les habitants ? Ça ressemble plus à une décision prise en cachette qu’à un vrai dialogue.

  12. Morgane Delvaux

    Cet article soulève des préoccupations importantes sur la transparence et l’impact de l’exploitation minière. Il est crucial d’impliquer les communautés locales dans des décisions qui affectent leur vie. La richesse de la Guyane ne devrait pas être une source de conflit, mais un atout pour tous.

  13. Le projet ‘Nouvelle Espérance’ semble prometteur, mais les hésitations des riverains sont compréhensibles. Sans transparence, difficile de croire en un futur meilleur. Quelle sera la vraie part de la communauté dans ce projet ?

  14. Léandro Boucault

    Cet article est une belle analyse de la situation en Guyane. L’auteur met en lumière les enjeux environnementaux et sociaux liés au projet ‘Nouvelle Espérance’. Je suis d’accord avec lui, car il est essentiel que les voix des riverains soient entendues face à cette possible exploitation minière.

  15. Mélusine Courtois

    Je trouve qu’il est temps d’écouter les habitants et de ne pas décider à leur place. L’exploitation minière peut apporter de l’argent, mais pas au détriment de notre environnement et de notre santé. La transparence est essentielle, et là, on ne sent pas ça du tout.

  16. Gaspard Lantouf

    C’est vraiment n’importe quoi! Les gens mérite d’etre informé sur ce genre de projets avant qu’ils soient trop tard. L’or peut rapporter, mais à quel prix pour la nature et la vie des habitants?! Faut que ça change!

  17. Cet article met en lumière des préoccupations importantes. L’absence de transparence est choquante. Les riverains méritent d’être écoutés. Il est urgent d’adopter une approche respectueuse de l’environnement et des droits des habitants avant d’engager de nouveaux projets miniers.

  18. Zéphyre Falanster

    C’est un véritable scandale ! Comment peut-on laisser une entreprise comme la CME jouer avec notre avenir ? Les habitants méritent d’être entendus, pas ignorés. Nous parlons de notre environnement et de notre santé, pas d’un simple projet minier. La transparence est essentielle !

  19. Il est lamentable de voir comment des projets comme ‘Nouvelle Espérance’ ignorent les voix des habitants. Le manque de transparence et de concertation ne peut qu’alimenter la méfiance. La priorité devrait être la protection de notre environnement et le bien-être de la communauté, pas les profits d’une compagnie minière.

  20. Ce projet semble entouré de beaucoup de mystère et d’inquiétude. Les habitants ne devraient pas être mis à l’écart des décisions qui les concernent. L’exploitation minière peut apporter de l’argent, mais à quel coût pour l’environnement et les communautés locales ?

  21. Lysandre Chalumeau

    C’est fou de voir à quel point ce projet peut diviser ! D’un côté, il y a l’espoir d’emplois et de richesses, mais de l’autre, les préoccupations environnementales et le manque de transparence. On dirait qu’on ne tient pas compte des habitants. Qu’est-ce qui va vraiment se passer ?

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