Il pousse discrètement au bord des chemins ou dans les pelouses familiales. À première vue, il évoque la douceur acidulée d’une fraise sauvage. Mais cette apparente gourmandise cache une autre réalité, plus sournoise : des cas d’intoxications, souvent chez les plus jeunes, inquiètent les médecins depuis plusieurs années. J’ai voulu en savoir plus sur ce fruit mal identifié qui monte dans les alertes des toxicologues.
Un faux fruit, vraie méprise
La plante en question, Duchesnea indica, est mieux connue sous le nom de « fraise des Indes ». Elle est confondue fréquemment avec les fraises des bois (Fragaria vesca), un classique des balades estivales. Pourtant, la ressemblance s’arrête à la couleur du fruit. La fraise des Indes est avant tout une plante ornementale introduite d’Asie. Elle est aujourd’hui largement répandue dans les parcs urbains, en bordure de route, ou même dans les jardins privés grâce à ses qualités de couvre-sol.
Le problème : ses fruits ne sont pas comestibles, malgré leur apparence alléchante. S’ils sont généralement considérés comme faiblement toxiques, ils peuvent provoquer nausées, vomissements ou douleurs abdominales chez les personnes sensibles, notamment les jeunes enfants.
“Ce faux fruit toxique imite la fraise et cause de graves intoxications chez les plus fragiles”
Cette phrase, je l’ai recueillie de la bouche d’Élise, une mère de famille de Saône-et-Loire, dont l’enfant de quatre ans a avalé plusieurs fruits cueillis dans un sentier boisé.
“Sur le moment, je n’ai pas compris ce qui se passait. Il en avait mangé trois ou quatre, pensant trouver des fraises. En moins d’une heure, il avait mal au ventre et vomissait. Aux urgences, on m’a demandé s’il s’agissait de Duchesnea. Je n’en avais jamais entendu parler.”
Comme dans ce cas, les symptômes apparaissent rapidement après ingestion. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) confirme sur son site que ces fruits peuvent provoquer des troubles digestifs transitoires, en particulier chez les enfants. Les services régionaux de toxicovigilance alertent régulièrement sur sa consommation accidentelle, trop souvent banalisée.
Les signes distinctifs à reconnaître d’un coup d’œil
Le piège repose sur la similarité du fruit avec une fraise. Mais quelques éléments précis permettent de l’identifier rapidement.
Fleurs, fruits et feuillage : les bons réflexes
- Couleur des fleurs : jaune vif chez la fraise des Indes, contre blanc pour les fraisiers des bois (source Verger-Mirabelle)
- Orientation du fruit : dressé vers le haut comme une cerise, alors que la vraie fraise penche vers le sol (Alex & Alex)
- Apparence : fruit sphérique, lisse et brillant, contrairement à la fraise qui présente une forme conique et un aspect plus granuleux
- Goût : insipide, parfois légèrement amer. Il ne possède ni le parfum ni la sucrosité des fraises comestibles

Tableau comparatif pour ne pas se tromper
Caractéristique | Fraise des Indes (Duchesnea indica) | Fraise des bois (Fragaria vesca) |
---|---|---|
Fleurs | Jaunes | Blanches |
Position du fruit | Dressé à la verticale | Penché vers le sol |
Aspect | Rond, brillant | Conique, mat |
Goût | Fade à légèrement amer | Sucré, aromatique |
Comestibilité | Non comestible, légèrement toxique | Comestible |
Où se cache la fraise des Indes ?
Très prolifique, cette plante s’étend rapidement dans les zones tempérées. On la retrouve :
- Dans les pelouses et jardins comme plante décorative (souvent sans étiquetage)
- Le long des chemins forestiers ou autour des parcs urbains
- Dans les écoles ou les zones publiques peu surveillées du point de vue botanique
Selon les botanistes cités par MamieNature, elle peut coloniser un talus en moins de deux saisons si les conditions sont humides et semi-ombragées. Sa prolifération favorise les risques d’ingestion accidentelle.

Réagir en cas d’ingestion : que faire ?
En cas de consommation suspectée, l’appel au centre antipoison est la première mesure (« Centre Antipoison : 0 800 59 59 59 »). Préférez une surveillance immédiate des signes suivants chez l’enfant ou l’adulte :
- Apparition de nausées, vomissements ou diarrhée
- Douleurs abdominales incontrôlées
- Fièvre ou pertes de connaissance (plus rares)
À ce jour, aucun décès n’est associé à cette plante, mais les situations de confusion peuvent aggraver des pathologies déjà existantes chez les personnes à risque (petite enfance, sujets immunodéprimés). L’ANSES rappelle la vigilance sur les plantes ornementales susceptibles d’être ingérées par les plus jeunes (anses.fr).
Quels sont les autres fruits qui peuvent être confondus avec des fraises ?
La baie du muguet, les fruits du cornouiller sanguin ou la morelle noire imitent parfois la fraise par la taille ou la couleur. Ces espèces sont souvent plus dangereuses et demandent une méconnaissance complète du végétal pour être consommées par erreur.
Comment la fraise des Indes se distingue-t-elle des autres plantes similaires ?
En plus de ses fleurs jaunes et de sa disposition redressée, elle possède un double calice très marqué. Ce détail botanique permet à l’œil entraîné de la distinguer immédiatement d’un vrai fraisier.
Quels sont les effets à long terme de la consommation de la fraise des Indes ?
Les études disponibles n’indiquent pas d’effets durables sur la santé. Mais une ingestion répétée ou en grande quantité pourrait irriter durablement la muqueuse intestinale chez certaines personnes sensibles.
Où peut-on trouver la fraise des Indes dans la nature ?
Fréquente en Europe occidentale, elle se développe dans les pelouses piétinées, les lisières de forêt, ou les bordures de route peu entretenues. Le printemps et l’été sont ses saisons de fructification.
Quelles sont les meilleures méthodes pour identifier un fruit toxique ?
Se baser sur plusieurs critères : lieu de pousse, aspect général de la plante, saison, structure florale. Une application botanique officielle ou un guide terrain fiable (comme ceux utilisés par les botanistes) peut aider à l’identification. Dans le doute, ne jamais consommer un fruit inconnu.