Il circule discrètement dans certaines salles de marché, posé sur un coin de table pendant un entretien. L’exercice, que vous retrouverez plus bas dans cet article, tient en quelques lignes, mais sa portée dépasse largement celle d’un simple test de logique.
Un filtre décisif inutilement caché ?
Le calcul posé à de nombreux aspirants traders ne figure dans aucun manuel officiel. Pourtant, il revient fréquemment sous différentes variations. Il met à l’épreuve la capacité à raisonner vite, mentalement, sous pression. Bien plus qu’un test mathématique, il s’agit d’une mise à nu immédiate : soit le candidat garde la tête froide, soit il dérive dans un raisonnement confus.
L’exercice classique — chiffré plus bas dans cet article — ne demande que quelques secondes de lecture. Mais la réponse juste, elle, est rarement donnée dans les dix premières tentatives. Et souvent, la mauvaise réponse est prononcée avec aplomb. C’est précisément ça qui est évalué, m’ont dit plusieurs recruteurs du secteur : non pas simplement l’exactitude, mais la rigueur dans le doute.

Le calcul mental comme barrière d’entrée
À première vue, cela pourrait ressembler à un piège élitiste. Mais les professionnels sont catégoriques : ce n’est pas un caprice. Je me suis entretenu avec Maxime L., recruteur au sein d’une grande banque d’investissement basée à Paris. Il mène des entretiens depuis une dizaine d’années, principalement avec des profils issus de grandes écoles d’ingénieurs et de commerce.
« Ceux qui ne réussissent pas ce calcul de tête ne peuvent pas devenir trader, du moins pas dans notre environnement. Ce n’est même pas une question de QI, c’est une question de robustesse mentale. Quand les chiffres défilent, que le stress monte et que ton écran clignote, tu ne peux pas dire : ‘Je vais réfléchir cinq minutes’. »
Le calcul en question, lui, exige d’articuler rapidement deux baisses successives en pourcentage et d’en déduire l’évolution nécessaire pour revenir à la valeur initiale. Le piège : penser que la moyenne inverse suffit. Pourtant, les pourcentages appliqués l’un après l’autre génèrent une perte composée, non linéaire.
Pourquoi ce test est redoutable
Ce type d’exercice révèle à quel point nos intuitions numériques peuvent être fausses. Plusieurs candidats brillants sur le papier échouent précisément parce qu’ils surestiment leur capacité à penser vite. Certains recrutements se font ou se défont sur cette question. Comme nous le verrons plus bas, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
La charge mentale, combinée à l’obligation de justesse, explique pourquoi certaines entreprises considèrent que ne pas réussir ce test disqualifie d’office. Car dans les situations réelles de marché, une mauvaise décision ne coûte pas juste quelques points de crédibilité, elle peut représenter plusieurs millions d’euros en quelques minutes.
Ce que cette barrière révèle vraiment
Plusieurs anciens traders ou coachs en finance m’ont confirmé que cette épreuve est utilisée systématiquement non pas pour filtrer les matheux, mais pour évaluer trois réflexes :
- Capacité à raisonner rapidement et avec précision
- Compréhension des logiques relatives (et non absolues)
- Résistance au stress dans un temps court
Des compétences que l’on retrouve dans d’autres métiers à haute intensité décisionnelle, mais qui, dans le trading, déterminent parfois une carrière en quelques instants. D’autant plus dans les environnements à haute fréquence, où plusieurs décisions cruciales sont prises chaque minute.

L’exercice entier, à faire sans papier ni calculatrice
Une grille de lecture brutale mais révélatrice
Ce test n’est pas un rite de passage sans fondement. Il s’intègre dans une culture de la vigilance résolue où le moindre faux pas peut faire effet boule de neige. Dans une profession où les décisions sont irrémédiables, le calcul mental est un outil de tri. Sans sentiment, mais pas sans logique. Et ceux qui veulent y entrer doivent y être préparés.